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La Journée de la Femme Digitale 2019

Retour sur la Journée de la Femme Digitale

La journée de la Femme Digitale est un événement annuel fondé par Delphine Remy-Boutang et Catherine Barba en 2013. L’objectif est de mettre en avant les femmes qui cherchent à révolutionner le monde grâce au digital. Mais cela ne s’arrête pas là, cet événement a également pour vocation d’inspirer, d’encourager et de donner envie aux femmes d’oser, d’innover et d’entreprendre grâce au digital.

En effet, il faut rappeler qu’en France, les femmes sont minoritaires dans le monde du digital. Elles ne représentent que 28 % des salariés dans les métiers du numériques et 16% dans ceux de la tech et seules 10% d’entre elles dirigent ou codirigent des startups du secteur.

Le 17 avril 2019 s’est tenu la 7ème édition de la journée de la femme digitale. Marrainée par Anne Rigail, directrice générale d’Air France, le thème de cette édition été consacré au changement, avec l’intitulé : « Elles changent le monde ». Nouveauté cette année, l’événement fera également l’objet d’une première édition en Afrique, le 13 juin 2019 à Dakar au Sénégal.

Pour poser le cadre, la journée a démarré par un rappel d’une enquête réalisée en 2018. En voici quelques statistiques :

  • 82 % des femmes entrepreneures ont déclaré n’avoir jamais suivi de formation pour monter leur entreprise.
  • 80% des femmes interrogées pensent que le genre n’a pas d’impact pour entreprendre un projet ou créer son entreprise.

Dans la continuité, la JFD, en collaboration avec Capgemini Invent, a réalisé une étude sur 3 thèmes pour déterminer comment devenir une leader dans le digital :

  1. Formation
  2. Financement
  3. Confiance en soi.

L’enquête fut menée pendant 1 mois auprès de plus de 1100 participants évoluant dans le numérique dont 85% de femmes. Elle recueille aussi le témoignage d’une dizaine d’entrepreneures et d’intrapreneures. Revenons plus en détail sur ces 3 grands thèmes.

La formation

La formation est un élément crucial pour favoriser l’accès à de meilleures opportunités professionnelles. Aujourd’hui la durée de vie d’une compétence technique est d’environ 3 ans. C’est pourquoi on voit l’émergence de programmes de formations, certains dédiés aux femmes, dans certaines écoles et entreprises. La formation est aussi pour les femmes un moyen d’avancer à une allure plus rapide dans leurs carrières professionnelles. En effet, au-delà du cursus académique, l’étude révèle un besoin plus marqué du coaching chez les femmes : 65 % d’entre elles placent le coaching en pole position devant les MBA ou executive programs qui sont eux privilégiés par les hommes.

Cette étude déconstruit aussi le préjugé selon lequel les formations techniques rebuteraient les femmes (cf. leur sous-représentation en école d’ingénieurs). Au contraire, le fort intérêt des femmes pour ces formations se confirme par leur nombre croissant qui se forment pour approfondir leurs compétences techniques. En effet, 40 % d’entre elles déclarent souhaiter monter en compétence sur des expertises techniques ou méthodologiques. Par ailleurs, l’étude montre que les formations axées sur les méthodologies de types agile et design thinking sont les plus populaires. Quant aux formations techniques, c’est la data science qui arrive en tête, bien loin devant le codage.

Durant la journée, plusieurs entreprises ont présenté leurs initiatives pour pallier à la sous-représentation des femmes dans les métiers du digital. Microsoft a par exemple présenté son « Ecole IA » lancée en partenariat avec Simplon. Adressée aux personnes éloignées du monde du travail, cette  école accueil un programme formation de 7 mois qui a pour vocation de permettre à ses élèves devenir développeur/se data en intelligence artificielle. Un contrat de professionnalisation au sein d’entreprises partenaires de Microsoft est proposé à l’issue de cette formation théorique.

Microsoft France a relevé 2 opportunités :

  1. Le gap de compétences : la France commence la course à l’innovation et la création d’expérience autour de l’IA avec une pénuries en compétences.
  2. La faible présence féminine dans les métiers nécessitant ces compétences clés.

C’est pourquoi l’école IA voit sa promotion 2019 composée de 19 filles et de 5 garçons, dans le but de répondre simultanément aux deux opportunités relevées ci-dessus.

Le financement

En général, les femmes ont connaissance des moyens de financement à utiliser pour accélérer leurs projets. Mais en ce qui concerne les montants ciblés, ils restent très faible comparativement aux montants empruntés par les hommes.

Parmi l’échantillon sur lequel se base l’enquête, 50 % des femmes interrogées ont déjà eu recours à une demande de financement ou vont le faire dans 6 prochains mois. Pour 62% d’entre elles, leur demande est  inférieure à 250 000 € alors qu’elle est supérieure pour 60% des hommes. Néanmoins, lorsque l’on prête attention à la pertinence du projet, on peut remarquer que les femmes essuient seulement 6% de refus lorsqu’elles font la demande d’un financement.

Une solution pour stimuler le financement des projets féminins serait d’oser solliciter les business angels et les fonds de capitaux et non s’arrêter aux prêts bancaires subventions d’état. Les chiffres sont explicites, 8 femmes sur 10 fondent leurs entreprises avec leurs propres économies, 10 % font appel à la love money et seulement 7 % d’entre elles ont levé des fonds.

De l’autre côté de la table, il se trouve que les investisseuses sont également minoritaires. Les entrepreneuses se retrouvent donc dans un scénario où elles ont besoin d’un accès au capital mais font face à une majorité d’hommes. Seulement, 7,4% des investisseurs ayant investi dans une ou plusieurs startups sont des femmes.

Les françaises démontrent un intérêt pour le secteur de la tech et souhaitent investir dans ce domaine. On peut constater que les françaises engagées à minima dans l’investissement se consacrent en majorité à des projets entrepreneuriaux pour le reste d’entre elles une préférence vers les placements « sûrs » sont révélés. La principale différence étant que les placements dans l’entreprenariat nécessite des connaissances et un réseau, le manque de connaissance étant un frein à l’investissement pour 33% des Françaises.

Une étude réalisée par BNP Paribas a avancé que s’il y avait autant de femmes que d’hommes qui créaient des entreprises, la France pourrait enregistrer un gain de croissance de 0,4% de croissance par an. Selon l’OCDE, cela permettrait même la création de près de 2 millions d’emplois sur 20 ans.

Sur cette thématique, Total a présenté son programme Startuper Challenge, une initiative qui vise à soutenir les projets impactant les sociétés de manière à résoudre les inégalités dans 55 pays à travers le monde. Pour compléter cette initiative, Total a ajouté le prix « coup de cœur féminin », notamment en réponse à la première éditionles femmes représentaient ¼ des gagnants et seulement 13% de participants. C’est trop peu, c’est pourquoi Total a imaginé ce prix spécial afin de stimuler et inciter les femmes entrepreneures à participer en plus grand nombre.

Ce challenge est l’occasion pour les participantes d’avoir une mise en relation avec des professionnels, du coaching/mentoring et un accès à l’incubation écosystème innovation à Paris.

La photo nous montre les 55 participantes du total startup of the year challenge.
Les 55 participantes au startup of the year challenge

La confiance

Le constat de l’étude est le suivant : les femmes, globalement plus sujettes au syndrome de l’imposteur, ressentent un besoin plus fort d’avoir toutes les qualités et les compétences requises et non nécessaires pour évoluer professionnellement.

Par conséquent, cela représente un frein à la prise de risques (changement de poste, demande de financement…). La preuve en est 40% d’entre elles déclarent avoir besoin d’un coaching pour les pousser dans leur démarche commerciale.

Nous avons eu le récit de Lubomira Rochet sur comment avoir confiance en soi afin de pouvoir occuper le poste de Chief Digital Officer à l’Oréal. Cela passe par un chemin de croissance interne et par le fait que la confiance en soi n’est pas un point de départ mais une somme de plusieurs événements. Son dernier conseil est de suivre son intuition et de savoir dire non, en partageant notamment l’exemple de sa démission d’une société de conseil au bout de 5 jours car elle ne se sentait pas à l’aise au sein de l’entreprise.

 

Conclusion

Cette journée passée à la maison de la radio nous permet de mettre en exergue une inégalité entre les hommes et les femmes dans le digital. Néanmoins, les différentes intervenantes qui se sont succédé toute la journée nous montrent que les femmes peuvent et savent s’approprier le digital et apporter une valeur ajoutée à la société. Que ce soit les médias, l’humour, la mode, l’intelligence artificielle, le codage etc…

La première leçon à retenir est que l’inclusion et la diversité au sein d’une société et plus encore au sein d’une entreprise sont les clés pour en améliorer la performance. Preuve en est, si le secteur du digital était autant investi par les femmes qu’il l’est par les hommes, le PIB européen progresserait de 9 milliards d’euros chaque année.

La deuxième est qu’il faut inciter les jeunes filles à s’intéresser aux métiers du digital. Cela passe donc par la mise en avant de role models comme ce fut le cas durant cette journée de la femme digitale, par la mise en avant de femmes ayant réussi dans le secteur du digital mais aussi en récompensant les femmes qui entreprennent avec le prix Margaret (référence à Margaret Hamilton, informaticienne de la NASA qui a contribué au premier pas de l’homme sur la lune).

La troisième et dernière leçon est qu’il faut favoriser l’organisation d’événements ou de challenges visant à faire découvrir les métiers du numérique aux jeunes filles et femmes de France.

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