[G20 Strategy & Management Summit] – Quels business models à l’heure des évolutions technologiques ?

Comme l’an dernier, DigitalCorner était présent le 31 Mai dernier à l’événement G20 Strategy & Management Summit en sa qualité de partenaire (consulter les articles de l’édition précédente, article 1 et 2). Cet événement, organisé par Leaders League, responsable des publications des Décideurs Magazine notamment, propose de faire échanger les décideurs  des entreprises d’aujourd’hui sur les sujets d’innovation et de croissance, le temps d’une journée. Nous vous proposons les morceaux choisis de cette 7 ème édition, en particulier ceux concernant les enjeux stratégiques liés au Digital dans les sphères dirigeantes des entreprises.

Ce premier article retrace le thème de la disruption par le digital des entreprises, bouleversant jusqu’à leurs business models.

 

Le digital apporte des nouveaux business models, en rupture avec les modèles classiques

 

Le plus simple pour expliquer ce nouveau paradigme à l’oeuvre dans les business models dits « classiques » est son illustration par un exemple concret. Celui présenté par Philippe Colombel, Managing Partner de Partech Ventures, semble tout indiqué car il illustre à lui seul l’importance des bouleversements à l’oeuvre: le cas de l’entreprise « Compte-Nickel ».

 

L’idée des créateurs partait d’un constat simple : les populations les moins aisées sont les moins courtisées par les grandes banques, or elles sont celles qui ont le plus besoin d’être accompagnées dans leurs dépenses quotidienne et bénéficier d’un compte en ligne à visibilité temps réel. Le marché des personnes à faibles revenus, non attaqué ou très peu par les grandes banques, est donc considéré comme un marché de niche, qui représentent (quand même!) quelques 6 millions de personnes en France.

L’origine de l’aventure Compte-Nickel était donc de pouvoir proposer en ligne des comptes en banque bloqués (sans possibilité de découvert) pour des personnes à faibles revenus. Cette idée rend la population à la fois solvable puisque le découvert n’existe pas, mais rend aussi le concept attractif pour la population cible, historiquement harcelée par les banques « classiques » avec leurs multiples pénalités en cas de découvert.

Dans ce cas précis, en plus de l’innovation qu’apporte le digital avec la proposition à des personnes à faibles revenus de bénéficier de comptes en ligne et la prouesse technique de leur afficher en quasi-temps réel leur transaction (sous 10 Secondes), Compte-Nickel a su innover avec un business model de rupture également au niveau de ses canaux de distribution. Elle s’est en effet appuyé, suite à un accord particulier avec l’ACPR, sur les buralistes comme des relais locaux de l’initiative. Aujourd’hui, l’entreprise enregistre 30000 nouveaux clients par mois et a séduit la BNP qui l’a racheté en Avril dernier.

Cet exemple nous montre à lui seul combien les startups arrivent à bousculer les modèles établis, non seulement par le digital, mais aussi par des initiatives innovantes pour conquérir des marchés délaissés par les géants.

 

« Une excellente idée avec une équipe moyenne n’ira nulle part, une idée moyenne avec une très bonne équipe de Management pourra percer »

Philippe Colombel, Managing Partner de Partech Ventures

 

 

 

Les nouveaux venus, forts de business models disruptifs,  viennent bousculer les grands groupes historiques qui doivent s’adapter en retour

 

C’est notamment le cas de l’entreprise Havas Voyages, présente sur le salon, qui a vu et voit encore arriver de plus en plus de nouveaux concurrents, aux business models différents du leur dans le domaine historique du voyage (Airbnb, Hotel.com…). « Les espèces qui survivent ne sont pas les plus fortes ou les plus intelligentes, mais celles qui savent s’adapter » lançait Michel Dinh, Directeur Général de Havas Voyages, dans un élan de darwinisme. Dans le cas précis de Havas, le business model a été adapté pour s’adresser au client  non plus uniquement via des agences de voyages mais aussi désormais en direct grâce aux nouveaux canaux permis par le digital, à tel point que la vente au client final sans intermédiaire représente aujourd’hui quelques 40% du chiffre d’affaires global de l’entreprise.

 

L’adaptation et la transformation dans ce genre de structures se frotte néanmoins au niveau d’investissement nécessaire pour modifier en profondeur l’activité. Dans le passé, et comme le soulignait Guy Mamou-Mani, nous avons vu trop d’entreprises penser miser sur une « transformation digitale » de leur activité mais qui ne faisait qu’informatiser une activité historique.

 

 

« Plaquer de l’informatique sur des plateformes digitales, ce n’est pas de la transformation digitale, c’est de l’informatisation. La transformation digitale, c’est modifier les business models à l’aide du digital »

Guy Mamou-Mani, Vice-Président du Conseil National du Numérique.

 

 

 

 

Meka Brunel, DG de Gecina, soulignait, elle que la disruption passe aussi par la jeunesse et la féminisation des équipes dirigeantes, ainsi que le besoin d’apporter une flexibilité de mode de fonctionnement pour pouvoir ne pas être distancé par les startups, ultra flexibles par essence.

 

Les PME françaises tardent encore à prendre le train de ces changements profonds

Le rapport remis par le Conseil National du Numérique au ministre présente un constat simple: le réel décalage entre le consommateur français, très porté sur l’international et le digital, et les PME françaises, qui accusent un retard à la fois au niveau de leur présence sur le net et sur la part de leur CA produite à l’international.

Pour remédier à cela, les aides existent déjà, il s’agit donc aujourd’hui de faciliter le guidage des PME vers ces aides et vers les personnes pouvant apporter du conseil sur ces sujets. Le constat du rapport s’appuie sur des faits préoccupants, une étude indique par exemple que 47% des chefs d’entreprise considèrent que la transformation digitale est une mode.

En parallèle du besoin de prise de conscience des dirigeants des PME de l’importance de leur transformation digitale et donc de la modification de leurs business model, le besoin de formation d’une population d’évangélistes du digital est attendue. L’Etat français mise dans cette optique sur la formation avec la création du label des « Grandes écoles du numérique » qui permettront à plus ou moins long terme de retourner l’acculturation des dirigeants de PME et de développer une offre au niveau national de projets de transformations digitaux. C’est pourquoi sur les dernières années, pas moins de 400 nouvelles écoles ont été labellisées, suivant la voie ouverte par l’école 42 et Simplon.

 

 

Finalement, on voit à travers ce tour d’horizon que les nouveaux business models apportés par les startups viennent disrupter les modèles historiques et provoquent un changement de paradigme global tant au niveau des grandes entreprises que des plus modestes, qui doivent elles aussi s’adapter pour espérer survivre dans ce nouveau monde.

 

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