Des voitures autonomes (partie 2) : une révolution annoncée qui présente encore des limites majeures

Les constructeurs  automobile se livrent actuellement une véritable guerre médiatique et technologique autour de la voiture autonome. Annoncée comme une révolution, les instituts de recherches prédisent qu’en 2035 les voitures autonomes représenteront 9% du parc mondial, et 100% en 2050.

Bien que les voitures autonomes soient à nos portes et ne cessent de nous impressionner sur le plan de la technique et de la sécurité routière, il demeure de nombreuses limites qu’il faut mettre en exergue.

Le dilemme social des voitures autonomes

Thierry B. est très enthousiaste concernant les dernières avancées en matière de voitures autonomes. Néanmoins, il se pose de nombreuses questions éthiques dont la question de la morale des voitures autonomes. En effet, les algorithmes sont programmés pour adopter le comportement le plus optimal sur la route mais que feront-ils lorsqu’il faudra choisir entre épargner la vie des passagers ou celle des piétons ?

Pour creuser le sujet, Thierry B. s’est rapproché de l’Institut des études avancées de Toulouse (IAST) qui a mené avec le MIT et l’université de l’Oregon de nombreuses études sur les effets sociaux transformateurs des nouvelles technologies. Dans les publications qu’il a pu consulter, les chercheurs posent le débat en schémas en considérant trois cas avec une intersection, une voiture et des piétons.

Dans le cas A, le véhicule autonome arrive à une intersection alors que des piétons traversent la chaussée à la dernière minute. Doit-il dévier sa trajectoire pour éviter les piétons mais sacrifier le passant resté hors de la chaussée ?

Dans le cas B, un seul piéton traverse la chaussée sans prévenir. Le véhicule doit-il dévier sa trajectoire et risquer de tuer son passager ?

Dans le cas C, le véhicule doit choisir entre tuer son passager ou les piétons.

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La morale des voitures autonomes

Nous comprenons donc que les algorithmes doivent gérer de nombreuses règles de décisions et que le problème relève du dilemme social. Les chercheurs ont d’ailleurs ouvert un site internet collaboratif : http://moralmachine.mit.edu/ pour explorer tous les scénarios du plus simple au complexe mettant en scène des personnes de tout horizon (jeunes, âgées, femmes enceintes, etc.) et bien entendu le véhicule sans chauffeur.

L’autonomie mais pas sur toutes les routes

Thierry B. est également conscient que l’automatisation des transports sera progressive et passera indubitablement par une nécessaire rénovation des routes (marquages au sol bien visibles, chaussée en bon état) et un changement du comportement des usagers. Dans ce contexte se pose la question de l’interaction entre la froide logique de la machine et le caractère plus imprévisible du comportement humain qui est évidemment plus délicat à gérer. En Inde, par exemple, les gens ne respectent pas toujours le code de la route. Certains prennent les ronds-points à l’envers. Il est donc impensable de faire coexister les voitures autonomes dans de telles conditions. Leur implémentation se fera en plusieurs étapes mais impose pour le moment de garder les mains sur le volant.

La sécurité des données

L’objectif de réduction significative du nombre d’accidents ne se fera que lorsque la voiture autonome sera en mesure de communiquer avec les infrastructures routières l’entourant. Le dialogue sans interruption avec le système de navigation permettra d’assurer la sécurité de ses passagers. Il va de soi que la clé de l’autonomie du véhicule réside dans la protection de tous les flux de données générés. Il deviendra donc impératif aux conducteurs de transmettre leurs données personnelles (position, habitudes de déplacement, …) et de se retrouver en quasi-permanence connectés pour pouvoir optimiser l’utilisation de leurs véhicules autonomes les exposant fatalement à des risques de piratage.

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La sécurité des données

Le problème se pose déjà avec les voitures connectées. En effet, des ingénieurs de la Keen Securité Lab, en Chine, ont déclaré avoir réussi à pirater une Tesla S, pourtant réputée une des voitures la plus sécurisée dans le monde. De nombreux « bugs » sont aujourd’hui recensés dans les systèmes embarqués des automobiles connectés marquant le fait que le déploiement des voitures autonomes sera un processus long qui demandera un investissement important.

L’extinction de nombreux emplois

La question des emplois devient légitime lorsque l’on parle de voitures autonomes. En effet, que va-t-il advenir des millions de personnes qui gagnent leur vie en conduisant comme les chauffeurs de taxis, de bus ou encore les transporteurs routiers ? Le débat est ouvert et ne se limite d’ailleurs pas qu’à la voiture autonome. Les industriels tentent de rassurer l’opinion publique en annonçant une création massive d’emploi. Cependant, devra-t-elle impliquée une nécessaire mutation des chauffeurs en futurs techniciens de l’automobile ? Seul l’avenir nous le dira…

Quid du marché des automobiles personnelles ? L’arrivée des voitures autonomes tisse un portrait sombre pour les constructeurs automobiles et de nombreuses industries associées à ce marché (assurances, banques, parking, location,..). Une profonde transformation et un nouveau business model devront  émerger pour assurer leur survie.

Annoncées d’ici 2025-2030, l’arrivée des voitures sans conducteur sur nos routes devrait éclipser toute autre innovation récente de notre société. Cela entraînera la destruction de très nombreux emplois et une restructuration fondamentale de notre économie, tout en réglant de nombreux problèmes environnementaux, empêchant de nombreux morts chaque année et sauvant des millions d’heures de productivité.

À en constater les progrès effectués dans le domaine et l’enthousiaste des états qui assouplissent de plus en plus la législation pour faciliter leur intégration, la vraie question qui devra être posée est notre capacité à nous adapter à ce nouveau mode de transport.

 

Retrouvez la première partie de cet article ici : https://www.digitalcorner-wavestone.com/2016/10/voitures-autonomes-faire-partie-1/

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