Rendre le contrôle des données personnelles aux utilisateurs : la promesse ambitieuse de CitizenMe

Les réseaux sociaux, sur lesquels nous sommes quasiment tous présents aujourd’hui proposent très souvent une inscription gratuite.

Gratuite ? Pas vraiment : si l’on ne les paie pas directement avec notre argent, ce sont nos données personnelles que nous leur abandonnons. Avec la multiplication des applications qui drainent nos informations, et la complexité des algorithmes utilisés, il est presque impossible de savoir quelles sont la nature et la quantité de nos informations qui s’évaporent dans la nature.

C’est là qu’intervient l’application CitizenMe.

Rendre le contrôle et l’usufruit de nos données personnelles

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Une représentation de notre « personnalité numérique » est générée à partir de nos données

Disponible gratuitement sur l’Apple Store, il suffit d’y connecter nos comptes Facebook, Twitter ou LinkedIn  pour commencer à se servir de l’application. Elle va collecter, cataloguer et stocker localement toutes les données que nous partageons sur ces réseaux.

 Au-delà de cartographier nos informations rendues publiques, l’application permet d’en tirer une analyse de notre « personnalité numérique » sur chaque réseau, et nous aider à la faire évoluer . L’application nous propose aussi de concurrencer les réseaux eux-mêmes en vendant directement nos données anonymisées aux publicitaires.

En amont, CitizenMe fournit des informations sur les conditions d’utilisation des applications qui exploitent nos données.  Celles-ci sont évaluées et classées selon leurs pratiques, bonnes ou mauvaises, en la matière. Des notifications sont publiées dès qu’un de ces réseaux modifie ses conditions d’utilisation, et les explicite pour l’utilisateur, libre alors de se désinscrire (ou non) en connaissance de cause.

Pour se financer, la start-up britannique à l’origine de CitizenMe percevra un pourcentage sur les ventes de données des membres qui souhaitent monétiser leurs informations. Les utilisateurs plus « passifs » qui contrôleront la diffusion de leurs données sans volonté de les commercialiser devront eux s’acquitter d’un abonnement annuel de quelques dollars.

Une révolution sur le marché des données personnelles ?

Les conditions d utilisation sont décortiquées et expliquées clairement
Les conditions d utilisation sont décortiquées et expliquées clairement

Pas vraiment. Des outils pour contrôler et recueillir nos informations personnelles existent depuis (au moins) 2005, sans pour autant avoir rencontré un grand succès. Mais la situation a bien évolué entre temps, avec l’omniprésence des réseaux sociaux, la démocratisation des SmartPhones, et surtout le développement du Big Data qui permet d’interpréter et par conséquent de valoriser de plus en plus de données. Un contexte idéal qui pourrait permettre à CitizenMe de percer là où ses ancêtres ont pu échouer.

Comme pour toute application, l’adoption des utilisateurs reste un facteur clé de succès. Dans le cas présent,  il faudra se demander si les utilisateurs seront prêts à s’acquitter d’un abonnement pour contrôler leurs données.

Quant à ceux qui voudront tirer profit de leurs données, il faudra s’armer de patience : là où Facebook ou Twitter gagnent des milliards en vendant les informations de millions d’utilisateurs, l’utilisateur particulier aura quant à lui bien du mal à tirer des sommes substantielles de ses seules données personnelles…

Enfin, même si l’application trouve son public , il restera à CitizenMe un obstacle inhérent à tout concept qui se veut révolutionnaire : la réaction des acteurs historiques. Pas sûr que Facebook,  Google et les autres acceptent de se voir mettre des bâtons dans les roues sans répliquer…

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