NFC, la folie des joint-ventures

Le NFC est un écosystème complexe, impliquant de nombreuses sociétés de secteurs d’activités différents et dont le regroupement est inéluctable pour mettre en commun leurs forces, d’où l’émergence de joint-ventures.

Qu’est-ce qu’une joint-venture?

Une joint-venture (JV) ou coentreprise en Français est une entreprise commune, créée par plusieurs entreprises et détenue à parts variables par ces dernières. En se regroupant, les entreprises mettent en commun leurs connaissances, leurs technologies ou leurs ressources pour atteindre des objectifs qu’elles ne pourraient assumer seules.

Collaboration de personnes en vue d'une joint-venture

Dans le cas du NFC, ce sont le plus souvent des opérateurs télécoms ou des banques qui se regroupent, pour atteindre un objectif : faire croître le marché des services NFC. Ils ont de fait la capacité de démultiplier leurs actions (de communication, de développement technologique, d’adressage commercial…).

Les opérateurs, parties prenantes de ces JV, préservent néanmoins leur business original d’opérateur télécom, c’est-à-dire de fournisseur et distributeur de services de communication à distance. Ils restent donc concurrents.

Les joint-ventures NFC dans le monde

Comme nous avons déjà pu l’évoquer lors du lancement de Google Wallet aux Etats-Unis, le NFC n’intéresse pas que les opérateurs. En effet, des acteurs tels que Google cherchent à adresser ce marché en prenant la voie, ô combien redoutée par les opérateurs, de la désintermédiation.

Prenons l’exemple du Google Wallet. Grâce à cette application, Google prend à sa charge l’ensemble de la chaîne de valeur de l’utilisateur final au commerçant lors d’une transaction NFC, sans jamais passer par l’opérateur. Les opérateurs se regroupent donc en JV pour éviter d’être évincés de cette chaîne de valeur.

Intéressons-nous aux JV créées dans le monde ces derniers mois :Joint-Venture américaine Isis

Aux États-Unis : Isis est une JV américaine mise en place par les opérateurs AT&T Mobility, T-Mobile USA et Verizon Wireless. Via le développement en commun de la plateforme de service « Isis NFC », elle vise à proposer aux consommateurs un portefeuille mobile permettant d’utiliser des services de paiement, de ticketing, de couponing et de transport.

De nombreux constructeurs (HTC, LG, Motorola Mobility, RIM, Samsung Mobile et Sony Ericsson) vont d’ici peu déployer des terminaux qui pré-embarqueront ce portefeuille Isis.

À Taïwan : L’Asie est le continent le plus avancé en matière de NFC (notamment grâce au Japon). Les opérateurs taiwanais souhaitent rattraper leur retard sur leurs voisins, c’est pourquoi Chunghwa Telecom, Taiwan Mobile et Far EasTone, ainsi que le fournisseur de services de paiement EasyCard Corp. viennent de signer, le mardi 8 novembre, un accord de création d’une JV.

Les opérateurs taïwanais ont créé cette JV dans le même but que les Américains avec Isis : développer une plateforme commune pour déployer les services sans contact, notamment le paiement. De plus petits opérateurs tels que Vibo Telecom et Asia Pacific Telecom vont probablement rejoindre cette JV.

Opérateurs télécoms Royaume-Uni Everything Everywhere Telefonica O2

Au Royaume-Uni : Les trois opérateurs majeurs que sont Everything Everywhere (Orange et T-Mobile), Vodafone et Telefónica O2 unissent également leurs forces dans le cadre d’une JV.

Leur objectif est de déployer un portefeuille NFC SIM based et pré-embarqué dans les téléphones des opérateurs, regroupant différentes applications comme le transport, la fidélité ou le paiement. SIM-based signifie que l’élément garantissant la sécurité des transactions NFC se situe dans la carte SIM du terminal. Chaque validation NFC amène donc une interaction entre le terminal et l’opérateur télécom.

Les opérateurs britanniques continueront à déployer leurs propres services sans contact, qui seront à présent hébergés sur la plateforme ouverte fournie par la JV.

En Allemagne : Telefónica Germany, Deutsche Telekom et Vodafone sont en train de créer une JV afin de déployer des services de paiement NFC début 2012, en utilisant d’abord des stickers NFC, avant de passer aux mobiles. Les stickers sont un moyen de familiariser dans un premier temps les utilisateurs avec le NFC, sans être obligé d’attendre le déploiement massif de mobiles nativement NFC.Opérateurs télécoms Pays-Bas T-mobile Pays-Bas Vodafone

Aux Pays-Bas : Deux opérateurs hollandais (T-Mobile Netherlands et Vodafone Netherlands) se sont mis en ordre de marche pour créer une JV avec les 3 plus grandes banques du pays : ABN Amro, ING et Rabobank. Cette JV aura pour but de mettre en place des services NFC et surtout des services de paiement au troisième trimestre 2012. Ces services de paiement supporteront les applications sans contact MasterCard PayPass et Visa payWave.

Leur préoccupation principale du moment reste de savoir, comme dans de nombreux pays,  comment équiper (ou ré-équiper) les commerçants de TPE (Terminaux de Paiement Électroniques) compatibles sans contact.

Faire le poids dans un contexte concurrentiel tendu

Nous avons vu comment les opérateurs télécoms s’organisent pour mettre en commun leurs forces, parfois avec d’autres acteurs de l’écosystème, pour dynamiser le marché des services NFC. Leur objectif est avant tout de peser face à des acteurs comme Google, dont la capacité d’investissement sur les sujets d’innovation à fort potentiel business est redoutée. La lutte ne fait que commencer, et dans un contexte macro-économique tendu et incertain où les réserves de trésorerie de Google le rendent plus puissant que jamais, seuls des investissements soutenus permettront aux JV de faire vivre leur modèle économique.

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