Covid19 : Top 3 des enjeux renforcés par la crise auxquels répond l’IoT

Le monde de la santé a été le premier impacté par la pandémie et la crise qui en a suivi. Les acteurs du secteur ont notamment dû rapidement s’organiser pour répondre aux immenses besoins en matériel médical et paramédical ainsi qu’aux nouveaux usages comme la consultation à distance ou les gestes barrières. Pour y faire face, beaucoup se sont penchés vers les nouvelles technologies et notamment l’Internet of Things (IoT).

Par exemple, le Groupe Hospitalier Paris Saint-Joseph a collaboré avec l’entreprise Ubudu pour la mise en place de capteurs permettant la géolocalisation des équipements médicaux et une meilleure gestion des flux de personnes grâce au geofencing (géorepérage) en temps réel. L’entreprise Hoppen a quant à elle mis au point des lits connectés pour hôpitaux qui permettent une télésurveillance médicale améliorée. Tout en offrant une expérience plus agréable aux patients, elle garantit un suivi des soins précis et continu.

Au-delà du monde de la santé, la composante sanitaire est devenue en l’espace de quelques mois un socle commun à toutes les sphères de la société, régissant politique, affaires, droit et vie privée. Alors si l’IoT se prête bien aux problématiques du monde de la santé liées à la Covid19, qu’en est-il pour les enjeux d’autres secteurs de l’économie ?

Nous définissons comme système IoT toute solution reposant sur des capteurs connectés permettant de relever puis d’analyser de la donnée sur un objet, lieu ou processus.

Enjeu 1 : limiter la propagation du virus

 

Les mesures de distanciation sociale et d’hygiène renforcées pour limiter les contacts et la propagation du virus ont marqué les années 2020 et 2021 et marqueront très probablement les suivantes. Les entreprises ont ainsi dû rapidement s’adapter à ces nouveaux paramètres, devenus de réelles contraintes pour maintenir et assurer l’activité tout au long de la crise. Ceci a constitué un véritable défi pour les professionnels de secteurs aussi différents que le transport, la grande distribution ou l’immobilier tertiaire.

La mise à disposition de gel hydroalcoolique ou le renforcement des opérations de nettoyage sont certes des premiers éléments de réponse, mais d’autres solutions innovantes existent pour limiter la propagation du virus, notamment celles recourant à l’IoT.

Gestion de la qualité de l’air dans des lieux clos

D’après le Ministère de la Santé et les Agences Régionales de Santé, contrôler la qualité de l’air dans des lieux fermés comme les bureaux d’entreprise, les transports ou encore les centres commerciaux influerait directement sur la propagation du virus. Gérer la qualité de l’air intérieur est ainsi devenu un enjeu majeur pour les entreprises. L’étude Wavestone réalisée dans le cadre de son radar Smart Building 2020 a d’ailleurs révélé le fort intérêt des investisseurs pour les startups spécialisées dans ce domaine suite à la crise, avec des montants de levées de fond qui ont doublés entre 2018 et 2020. La startup grenobloise eLichens, spécialisée dans la mesure de la qualité de l’air dans les milieux grand public et industriel, a ainsi levé 6 millions d’euros en 2020 pour développer sa gamme de capteurs et renforcer son expansion.

Gestion des flux de personnes dans des lieux à forte fréquentation

Les centres commerciaux, les hubs de transport ou encore les hôpitaux innovent pour mieux gérer l’affluence de milliers de personnes qu’ils connaissent chaque jour et limiter ainsi les contacts. Par exemple, l’aéroport Paris Charles De Gaulle collabore avec l’entreprise Foxstream pour optimiser la gestion des temps d’attente via des caméras connectées sur divers points de filtrage comme le contrôle aux frontières ou la sécurité. Ceci leur permet notamment de commander automatiquement l’ouverture de nouveaux guichets lorsque les temps d’attente dépassent certains seuils. L’entreprise Technis propose quant à elle une solution de comptage de personnes pour monitorer l’affluence dans un lieu et l’adapter en fonction de niveaux préétablis grâce à des capteurs au sol.

Optimisation des activités d’entretien

Si le virus peut se trouver sous la forme d’aérosols, un autre vecteur de propagation est le touché. Pour y pallier, les opérations d’entretien et de propreté ont été grandement renforcées depuis la crise. La startup française Taqt rend ces actions plus efficientes et connectées avec sa borne Taqt One. Celle-ci permet un suivi digitalisé des interventions d’entretien et une gestion des incidents grâce à l’IoT, des QR-code inviolables et des boutons sans contact qui assurent une limitation de la propagation du virus tout en augmentant la satisfaction des occupants.

Enjeu 2 : ajuster l’exploitation en fonction de l’activité fluctuante

La forte baisse de l’activité économique due à la pandémie a posé d’importantes problématiques concernant la capacité des entreprises à absorber leurs coûts fixes.  Si les dépenses de salaires représentent une part importante de ces coûts, celles liées à l’immobilier et l’exploitation des équipements sont également non négligeables.

Pour réduire ce type de dépenses en période de sous-activité, l’IoT apparaît comme un levier pertinent grâce à une exploitation plus intelligente des bâtiments. Celle-ci se divise en deux volets : l’optimisation de (i) la performance énergétique et (ii) des processus de maintenance.

Cette problématique d’exploitation des bâtiments et plus précisément d’optimisation de la performance énergétique, est d’autant plus centrale quand on sait que 44% de la consommation totale d’énergie en France vient du seul secteur du bâtiment. Le Décret Tertiaire, revu en 2020, a pour but de faire réduire la consommation en énergie des bâtiments tertiaires (de plus de 1000m2, neufs comme anciens) de 40% d’ici 2030. Ceci montre à quel point il est important et pertinent pour les entreprises de commencer dès maintenant à contrôler et optimiser la consommation énergétique de leurs bâtiments en profitant de l’impératif posé par le contexte de la Covid19.

On distingue trois niveaux de cas d’usage IoT dans la gestion à distance des bâtiments et des équipements d’une chaîne de production selon leur complexité et la maturité des systèmes déjà existants.

La télésurveillance

Elle permet grâce à divers types de capteurs de monitorer à distance l’état de fonctionnement d’un bâtiment ou d’un équipement pour, par exemple, en suivre sa consommation énergétique ou bien remonter des alertes en cas de panne. Dans le cadre de son projet Smart Station, la SNCF déploie actuellement une solution de télésurveillance dans ses gares. En connectant les équipements des gares, la SNCF mesure la performance énergétique et peut détecter en temps réel une consommation anormale ou un incident. Ces informations sont remontées sur une plateforme de supervision qui permet ainsi d’alléger les opérations de contrôle et de maintenance des équipements, d’être averti en temps réel en cas de panne et de prédire les dysfonctionnements.

La commande à distance

Elle permet l’activation ou la désactivation à distance d’un équipement pour en optimiser la performance énergétique, la maintenance ou bien simplement l’adapter aux besoins des usagers en temps réel. L’extinction ou l’activation générale à distance de l’éclairage ou du système de climatisation ainsi que l’ouverture/fermeture d’accès en dehors d’horaires non ouvrés sont des exemples d’applications de commande à distance permise par l’IoT qui limitent la consommation en énergie et la mobilisation non nécessaire de personnel sur place. La startup française Ubigreen propose par exemple une solution de pilotage de l’équipement de bâtiments à distance appelée Smart Control. Celle-ci permet notamment de contrôler à distance des équipements de gestion technique des bâtiments (GTB) comme la climatisation, l’eau chaude sanitaire ou l’éclairage pour en optimiser la consommation.

La gestion intelligente du bâtiment

Elle consiste en l’activation ou la désactivation à distance d’un équipement en fonction de règles préétablies pour automatiser au mieux les processus. C’est le niveau le plus avancé de gestion à distance, il se base sur les deux précédents piliers. Il s’agit ici de réduire au maximum l’intervention humaine dans la gestion du bâtiment. On pourra ainsi voir des applications comme l’ajustement automatique de l’éclairage ou du chauffage en fonction de l’affluence dans une pièce, ou encore la remontée d’alertes lors de dysfonctionnements. Vinci propose par exemple un Digital Twin (jumeau numérique), TwinOps, qui utilise l’intelligence artificielle pour gérer de manière autonome et à 360° un bâtiment en utilisant notamment les données remontées par des capteurs en tout genre (température, humidité, qualité de l’air, niveau de lumière, …). On optimise ainsi à la fois la performance énergétique des équipements, leur maintenance et le confort des usagers.

Enjeu 3 : rendre les chaînes logistiques plus résilientes face à une crise

La crise de la Covid19 a engendré des épisodes de ruée vers les produits de première nécessité, entraînant un stress important sur les chaînes d’approvisionnement de certaines entreprises. La capacité à pouvoir anticiper la demande, ou du moins à s’y adapter rapidement, est ainsi devenue crucial.

Afin d’augmenter la résilience de leur chaîne logistique, certaines entreprises ont mis en place des solutions IoT pour garantir :

Une meilleure traçabilité dans l’acheminement des marchandises :

A titre d’exemple, de grands groupes comme Michelin ou Total ont mis respectivement au point leurs conteneurs et remorques connectés afin de monitorer leur position ou leur température intérieure. Sanofi a quant à elle développé des services utilisant la technologie RFID pour augmenter la traçabilité des contenants de vaccins, de la production en usine à l’administration au patient. Ces solutions apportent une visibilité sans précédent sur l’état de transports de marchandises et permettent également grâce à divers capteurs de monitorer les conditions d’acheminement de produits « fragiles » pour lesquels il faut par exemple contrôler la température ou les secousses.

Une meilleure gestion des stocks pour répondre à la demande sans surstocker :

Avec la technologie RFID et l’IoT, il est également possible de suivre en temps réel la localisation de marchandises, d’éviter de la garder immobilisée trop longtemps et de garantir des stocks suffisants pour répondre à la demande sans surstocker. En mettant en place ces technologies, Sanofi a gagné en visibilité sur ses stocks de contenants de vaccins, permettant ainsi par exemple leur réapprovisionnement automatique ou le comptage de masse (entrant/sortant des stocks). On peut facilement imaginer comment de tels cas d’usage généralisés dans le monde la logistique en temps de crise apporteraient d’immenses avantages.

Conclusion

Au-delà des bénéfices directs des applications IoT dans le monde de la santé citées en début d’article, on voit bien que l’IoT répond tout aussi bien à d’autres enjeux de la crise et devient un atout majeur pour les entreprises de tout secteur.

Ainsi, sur le court-terme, l’IoT apporte des solutions efficaces et pertinentes à trois enjeux majeurs posés par la crise sanitaire : que ce soit pour assurer la sûreté de tous, limiter les coûts fixes des entreprises ou rendre les chaînes logistiques résilientes.

En plus d’apporter des solutions concrètes sur le court-moyen terme, les projets IoT lancés en réponse à la crise de la Covid19 offrent des bénéfices sur le long terme pour les entreprises en réduisant les coûts, en améliorant l’expérience utilisateur ou en optimisant certains processus. Par exemple, la gestion intelligente des bâtiments est intéressante même en contexte hors crise car elle réduit les coûts énergétiques d’exploitation et répond aux impératifs lancés par l’Etat en matière de baisse de consommation d’énergie.

 

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