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Les nouvelles technologies vues par les consultants Wavestone

Quels sont les impacts de la crise sanitaire sur la 5G ?

Après l’euphorie de 2019 sur la 5G, avec la publication de la première version du standard (3GPP Release 15) et les premiers lancements commerciaux dans les pays précurseurs (Corée du Sud, Etats-Unis, Allemagne, UK, Chine…), 2020 devait être l’année du lancement de la 5G en France, avec l’attribution des fréquences et l’ouverture au public. Mais la crise sanitaire a clairement chamboulé ce beau programme, et tiédit les discours de révolution technologique.

 

Cette revue de presse revient sur l’actualité de la 5G durant ces 3 derniers mois. Elle a été préparée à partir des articles sélectionnés par les consultants Wavestone pour le magazine Flipboard « Mag 5G ». Si vous souhaitez continuer à découvrir au fil de l’eau l’actualité de la 5G, n’hésitez pas à vous abonner à ce magazine.

 

Décalage et tensions sur le calendrier de la 5G en France

Préambule : Préparation de l’attribution des fréquences 3,4 – 3,8 GHz

 

Sur la base du plan d’action 5G de la Communauté Européenne datant de 2016, le gouvernement définit mi 2018 une feuille de route de la 5G pour la France qui prévoit l’attribution des fréquences et l’ouverture commerciale dans au moins une grande ville en 2020 et la couverture des principaux axes de transport d’ici 2025. En 2018, l’ARCEP entame donc le réaménagement des fréquences, ouvre un guichet pour des expérimentations, et lance une consultation publique sur le processus d’attribution. Fin 2019, tout est prêt pour lancer la procédure d’attribution des 310 MHz libérés dans la bande 3,4 – 3,8 GHz. Le cahier des charges est terminé et le prix de réserve des blocs est fixé par le gouvernement : 70M€ par bloc de 10MHz.

 

Acte 1 : Décision de report des enchères

La procédure est officiellement lancée le 31 décembre 2019. Fin février, l’ARCEP annonce que les 4 opérateurs mobiles ont déposé leur dossier de candidature. Le processus était donc bien engagé quand la crise sanitaire du Covid-19 vient bouleverser le calendrier défini qui prévoyait des enchères en avril 2020.

2 Avril > L’ARCEP annonce que les 4 opérateurs sont qualifiés mais que les enchères sont reportées car la crise sanitaire n’a pas permis de conduire les préparatifs nécessaires à leur organisation (arcep.fr).

Sébastien Soriano

23 Avril > Lors d’une audition au Sénat, Sébastien Soriano, directeur de l’ARCEP, annonce que deux calendriers sont à l’étude pour démarrer les enchères de la 5G sur la bande 3,4-3,8 GHz : l’un fin juillet, et l’autre en septembre (phonandroid.com).

 

Acte 2 : Des voix discordantes chez les opérateurs

Face à la crise, les réactions des opérateurs divergent sur le décalage du calendrier. Free s’alarme du retard et souhaite une replanification au plus tôt. Au contraire, Bouygues et SFR souhaitent reporter à minima à fin 2020 les enchères, car ils considèrent que la 5G n’est pas une urgence, privilégiant à court terme les investissements sur la 4G et la fibre. Orange se satisferait de la seconde option avec une enchère en septembre.

30 avril > Orange est d’accord pour des enchères en septembre (lefigaro.fr).

13 mai > Free perd patience sur l’attribution des fréquences et incite les responsables à accélérer le mouvement. « C’est important pour la compétitivité de notre pays et la compétitivité de nos abonnés » indique Thomas Reynaud, DG du groupe Iliad (clubic.com).

22 mai > Martin Bouygues demande un report des enchères à la fin de 2020 ou au début de 2021 : « La 5G n’est pas une urgence pour la France: repoussons l’attribution des fréquences » (lefigaro.fr).

1 juin > SFR souhaite également revoir la roadmap de la 5G en élargissant à l’ensemble du “haut débit” avec le déploiement de la fibre et de la 4G. Grégory Rabuel, directeur général de SFR appelle à « un Ségur du haut débit » (lefigaro.fr).

Acte 3 : Annonce d’un nouveau planning

Alors que la France entame un déconfinement progressif, il devient nécessaire de fixer un nouveau calendrier pour le processus d’attribution des fréquences, afin de permettre aux candidats de se préparer. Le gouvernement et l’ARCEP communiquent sur le nouveau planning : c’est l’option Septembre qui est retenu. Un choix qui ne fait pas l’unanimité.

Agnès Pannier-Runacher

5 Juin > Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances a arrêté un nouveau calendrier. Les enchères pour l’obtention des fréquences seront lancées en septembre, pour une attribution aux opérateurs télécoms en octobre. L’ouverture des premiers services commerciaux devraient avoir lieu en décembre (lefigaro.fr).

10 Juin > La veille de l’officialisation de ce nouveau calendrier, Martin Bouygues met le gouvernement face à ses choix. Il regrette le rejet de sa proposition d’un « New Deal 2 », met en garde sur la capacité à déployer la 5G tout en renforçant la couverture 4G, et demande un fond d’indemnisation si les équipements Huawei ne sont pas validés par l’ANSSI (lesechos.fr).

11 Juin > L’ARCEP communique sur le nouveau calendrier de la 5G en France : les enchères débuteront fin Septembre, les autorisations en octobre ou novembre, mais l’obligation de l’ouverture dans 2 villes fin 2020 est levée. La trajectoire de couverture entre 2022 et 2025 reste a priori inchangée et les bilans en 2023 et 2028 sont confirmés. En complément, des obligations sur la couverture 4G (75% des sites à fin 2022) et une plateforme de travail sur le numérique soutenable est lancée avec un premier rapport pour fin d’année (arcep.fr).

Acte 4 : La voix des 5G septiques ravivée suite à l’annonce du redémarrage du calendrier

Avec le redémarrage du calendrier, les questions de la soutenabilité et de la santé reviennent sur le devant de la scène. Des voix dissidentes s’élèvent, y compris au sein du gouvernement. Elles vont être renforcées par celles des nouveaux maires de la vague verte suite au second tour des municipales. Le calendrier est confirmé, mais une attention accrue est requise sur les études et mesures d’impacts sur la santé et l’environnement.

Sébastien Soriano sur Twitter

23 Juin > Les ministres de l’Environnement et de la Santé viennent perturber la préparation des futures enchères 5G, estimant que nulle décision ne devrait être prise avant que l’Anses ne se prononce sur d’éventuels effets néfastes de la technologie (lesnumeriques.com).

1 Juillet > Table ronde au Sénat sur la 5G après le retrait de la proposition de moratoire portée par la Convention citoyenne. Le gouvernement et l’ARCEP défendent le calendrier, mais l’ARCEP souhaite également un contrôle écologique des opérateurs et se dit prête à discuter du démantèlement des réseaux d’anciennes générations (frandroid.com).

 

2 Juillet > La vague verte des municipales va-t-elle se transformer en tempête sur la 5G ? Si les maires n’ont pas la compétence pour imposer un moratoire sur la 5G, ils pourraient être tentés d’utiliser les outils à leur disposition pour en retarder le déploiement (francetvinfo.fr).

Des théories du complot … aux controverses sérieuses : le Covid-19 a fait naître un doute dans l’opinion publique

 

De la rumeur aux actes de vandalisme sur les antennes 5G

La crise sanitaire voit naître des doutes et même un activisme anti-5G, attisé par des rumeurs et fake-news : la 5G est tour-à-tour à l’origine du Covid-19, puis facteur de propagation, responsable d’un affaiblissement du système immunitaire, de tuer les oiseaux ou de détruire la nature… Ces théories ont probablement joué un rôle précurseur dans le vandalisme et les incendies d’antennes de téléphonie mobile. Le phénomène s’amplifiant et se répandant dans plusieurs pays, les réseaux sociaux sur lesquels circulent ces théories et les appels au passage à l’acte, sont contraints de prendre des mesures exceptionnelles pour limiter la désinformation.

11 Avril > De nombreuses théories connectant la 5G et le coronavirus. Les anti-5G font preuve de beaucoup d’inventivité et donnent du travail aux fact-checkers (francetvinfo.fr)

15 Avril > L’état d’urgence sanitaire serait utilisé pour donner carte blanche aux opérateurs pour déployer des antennes 5G. Mais en relisant l’ordonnance en question, on voit mal comment la 5G pourrait s’inscrire dans le déploiement d’infrastructures temporaires ayant strictement pour objectif d’assurer la continuité du fonctionnement des réseaux existants (lesnumeriques.com).

Images d’amateur d’une antenne téléphonique en feu à Birmingham

 

6 Avril > Au Royaume-Uni, des attaques de vandalismes ciblent les antennes 5G suite à des rumeurs circulant sur les réseaux sociaux liant le déploiement de la 5G et la propagation du Covid-19. Les plateformes comme YouTube et Facebook sont contraintes de renforcer leur modération pour limiter la diffusion de ces rumeurs (lemonde.fr).

 

 

23 Mars > Facebook, Google, LinkedIn, Microsoft, Reddit, Twitter et YouTube ont publié une déclaration commune promettant de lutter contre les fraudes et la désinformation liés au Covid-19 (zdnet.fr).

23 Avril > Suppression de contenus mêlant 5G et Covid-19 : tweets, vidéos YouTube… Les médias sociaux sont mobilisés contre la désinformation de masse mais pas avec la même ligne de conduite. Faut-il lutter contre la désinformation de manière globale ou seulement contre les appels au vandalisme ?

 

 

Controverses et Réflexions

Passé le buzz des fake-news et des actes de vandalisme, une nouvelle audience est portée sur les questions et controverses sérieuses, en particulier celles de la santé et de l’environnement.

1 Avril > Un rapport étudie 6 controverses sur la 5G : économique, énergétique, foncière, sanitaire, usages et géopolitique. Un point de vue contrebalançant les discours volontaristes des acteurs du marché, sans tomber pour autant dans la décroissance (gauthierroussilhe.com).

13 Juin > Entre angoisses sanitaires et écologiques… la défiance contre la 5G. Associations et think tank (Agir, Priartem, Robin des Toits, The Shift Project) multiplient les actions : pétitions, manifestations, assignations en justice…

 

 

 

La 5G : un remède pour traiter la crise sanitaire, mais surtout la crise économique

 

Des premiers cas d’usage de la 5G en réponse à la crise sanitaire

L’innovation technologique a été fertile pour répondre aux défis posés par la crise sanitaire. Les pays ayant déjà largement déployé la 5G, comme la Corée du Sud et la Chine, ont vu naître de nouveaux cas d’usage pour lutter contre la pandémie.

Des robots 5G autonomes patrouillent dans les aéroports et centres commerciaux chinois pour détecter les personnes potentiellement infectés à l’aide de caméra thermique et veiller au respect des mesures sanitaires, notamment le port du masque (vipress.net).

Les téléconsultations généralisées en Chine grâce à la 5G, permettent de renforcer les capacités de diagnostic clinique dans les hôpitaux de Wuhan et de sa région avec des personnels soignants d’autres grandes villes à plus de 1000km (latribune.fr).

En Corée du Sud, l’opérateur SK Telecom et le spécialiste japonais de la robotique Omron ont conçu un robot 5G autonome jouant les auxiliaires de santé publique. Il assure le contrôle sanitaire (température et port du masque), mais s’occupe aussi de la distribution de gel hydroalcoolique et de la désinfection des surfaces (journaldugeek.com).

 

 

La 5G comme levier de la relance économique

Partout dans le monde, de gigantesques plans de relance en milliards d’euros sont annoncés. Ces plans mettent en avant des investissements d’avenir afin que l’argent injecté par les états soutienne durablement l’économie et l’emploi. La 5G est souvent en tête de ces investissements, car elle bénéficie d’un concours de circonstances parfait. Alors que la 5G a passé le cap des pilotes et des premiers standards, elle entre dans un cycle où le besoin d’investissements est important pour déployer les antennes, mais aussi les cœurs de réseau 5G et les services Mobile Edge Computing.

14 mai > La Corée du Sud fait de l’intelligence artificielle et de la 5G des pièces maîtresses pour créer des emplois et stimuler la croissance (servicesmobiles.fr).

3 Juin > Le département de la défense américain accélère son plan d’expérimentation de la 5G en passant de 5 à 12 bases militaires avec divers cas d’usage : connectivité bâtiment/quai pour la marine, AR pour la maintenance et l’entrainement, connectivité des bases avancées et des centres de commandement tactiques…

5 Juin > L’Allemagne met 7 milliards sur la table pour accélérer sur la 5G, malgré l’absence de consensus sur le cas Huawei au sein du gouvernement de coalition (lesechos.fr).

22 Juin > L’Union Européenne dévoile les dernières attributions du fond Horizon 2020 pour la 5G : 11 projets reçoivent 400M€ de fonds publics en plus de 1Md€ d’investissements privés, et 2 dernières attributions de 100M€ sont prévues d’ici fin 2020. A partir de 2021, le nouveau fond Horizon Europe, doté de 100Md€ pour 2021-2027 devrait prendre le relais pour poursuivre les investissements en recherche et innovation, notamment dans la 5G (enterpriseiotinsights.com).

 

 

Une 5G qui devra être au rendez-vous dans le monde d’après

Si la crise du Covid-19 a eu un impact sur le calendrier de la 5G, elle bénéficie désormais d’un accélérateur important avec les plans de relance économique.

Mais les acteurs économiques de la 5G bénéficiant de la relance, contractent une dette morale envers le public. Ils portent désormais de lourdes responsabilités pour le monde de demain :

  • Réaliser les promesses d’une révolution technologique au service des révolutions digitales et industrielles
  • Porter la relance économique et soutenir l’emploi
  • Démontrer la capacité d’un développement durable de cette technologie en respectant les engagements vis-à-vis de l’environnement et l’innocuité pour la santé
  • Permettre une meilleure résilience dans les crises à venir.

 

Si vous souhaitez continuer à découvrir l’actualité de la 5G, n’hésitez pas à vous abonner au magazine Flipboard « Mag 5G » mis à jour par les consultants Wavestone.

 

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