Rétrospective – CES Unveiled de Paris

CES, MWC, CeBIT, IFA,: les rendez-vous qui rythment la sphère high-tech sont nombreux et riches en contenu. Aujourd’hui nous allons vous parler du CES, le Consumer Electronics Show, qui selon Gary Shapiro , président du Consumer Electronics Association ou CEA (l’association organisatrice du salon), serait le “plus grand évènement au monde consacré à l’innovation”. Le CES Unveiled de Paris, c’est un peu comme une preview, une manière de donner l’eau à la bouche et d’assurer en grande pompe la promotion de l’évènement américain qui se tiendra en Janvier à Las Vegas.

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Le choix d’effectuer un CES Unveiled à Paris (en plus de Tokyo et New York) n’est pas anodin : la France est aujourd’hui perçue comme un acteur à fort potentiel dans les secteurs des nouvelles technologies. A titre d’exemple, lors de la dernière session du CES de Las Vegas à l’espace l’Eureka Park (dédié aux start-ups), plus de 100 entreprises françaises ont fait le voyage, soit la 2ème nationalité représentée après les US. L’initiative du gouvernement de regrouper sous le label French Tech l’ensemble des jeunes pousses participe également au rayonnement du pays, grâce à une image de marque commune de l’innovation “made in France”.

DigitalCorner était donc présent mercredi dernier au Pavillon Cambon Capucines pour suivre cet évènement l’espace d’un après-midi.

Wahl en ambassadeur de la filière IoT

Philippe Wahl, PDG du Groupe La Poste et partenaire du CEA pour cette édition du CES Unveiled a ouvert l’évènement en introduisant le sujet de l’IoT avec son hub numérique, dixit “la plus belle invention depuis la roue” ! La Poste, c’est “un opérateur universel des échanges qui agit avec un rôle de proximité, de simplicité et de service” : avec la décroissance du courrier physique, le groupe veut se positionner “à la frontière du numérique et de l’humain”. Philippe Wahl n’hésite pas à rappeler le déploiement de près de 80 000 smartphones auprès des facteurs de tous âges, devenant la première flotte de mobiles en Europe, destinés à faciliter le travail au quotidien (dématérialisation des signatures) et offrir de nouveaux services aux clients (expédition de colis en boîte aux lettres).

Mais alors le hub numérique, qu’est-ce que c’est au juste ? C’est le nouveau fer de lance de Docapost, sa filiale rattachée à la Branche Numérique et spécialiste de la transformation numérique. Il s’agit d’une plateforme universelle en mode SaaS à interface de pilotage unique pour centraliser l’usage de tous les objets connectés (à l’image d’un HomeKit ou du Samsung Smart Hub). Pour David De Amorim, directeur de l’innovation à Docapost, le hub numérique est en parfaite adéquation avec les valeurs postales :

Les objets connectés sont à l’intersection entre le monde physique et le monde numérique, possédant des caractéristiques des deux mondes et représentant une bonne passerelle entre un individu, son habitat, son environnement, ses services. En effet, l’objet connecté fait en quelque sorte sortir l’utilisateur d’un isolement numérique, renforçant la stratégie du groupe en tant qu’acteur de proximité, déjà présent avec ses facteurs, ses bureaux de postes, ses services de colis et sa banque.

 

 

Afin de se donner les moyens de réussir, La Poste a signé un partenariat avec Legrand, fournisseur de la technologie derrière les objets connectés avec son programme ELIOT, dont l’objectif est l’émergence du “bâtiment connecté”. Enfin, La Poste a aussi lancé en début d’année l’initiative French IoT, un programme d’accompagnement pour “faire émerger les futurs champions français de l’Internet des Objets et fédérer une filière dynamique, pérenne et audacieuse”. La stratégie est claire : proposer sa plateforme et ses API dès la conception des produits pour garantir une adoption maximale de son hub. Le French IoT, c’est aussi l’opportunité pour quelques heureux élus d’accompagner le groupe au CES de Las Vegas pour y présenter leurs inventions.

En bonus : Philippe Wahl nous a promis de dévoiler deux nouveaux objets connectés “postaux” à Las Vegas ! Affaire à suivre…

DuBravac décrypte les prochaines tendances

Pr. Shawn G. DuBravac est Directeur des Études Économiques au CEA. Il réalise des analyses économiques sur la santé et l’avenir du secteur des technologies. Ses analyses pointues des moteurs économiques de l’industrie électronique grand public mondial en ont fait un intervenant et un commentateur influent (publications dans le Wall Street Journal, le New York Times, le Financial Times, le Los Angeles Times, Barron’s, CNN, MSNBC, etc).

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Lors d’une seconde intervention, DuBravac nous a livré ses prédictions des prochaines tendances du marché high-tech et des produits qui seront au CES Las Vegas 2016. Les technologies derrière la “big data” étant de moins en moins un frein, le professeur nous fait part de quatre axes majeurs pour les prochains mois :

  • Ambient Sensing (détection ambiante) : la prolifération de capteurs qui analysent l’environnement en temps réel et débloquent de nouveaux usages. L’interaction homme-machine multimodale (grâce à la voix, aux gestes ou au regard) en est un exemple.
  • Aggregated learning (apprentissage distribué et collectif) : à la manière d’un modèle en réseau de neurones, les appareils inter-connectés sont capables non seulement de communiquer, mais aussi de s’améliorer, d’apprendre avec le temps, grâce à une mémoire et une expérience partagée. L’exemple d’une voiture autonome (type Google Car ou pilotage automatique Tesla) qui réagit mieux grâce aux données des autres voitures. Shawn nous parle aussi d’objets connectés capables de détecter un séisme ou d’expérience personnalisée “prédictive” : c’est-à-dire quand Netflix ne vous propose plus de films selon votre historique, mais selon votre état et votre environnement (émotion, température et luminosité de la pièce, etc…). Enfin, des usages dans le domaine de la santé et du sport seront à aussi prévoir.
  • Building out the ecosystems (construction d’écosystèmes) : la réalité virtuelle, l’impression 3D, l’UHD ne sont pas qu’une question de hardware, mais aussi de contenu, d’accessoires, de réseaux de distribution. La mise en place d’un écosystème est une condition sine qua non à la viabilité et la maturation de ces marchés.
  • Actuation (mise en mouvement) : il s’agit de la convergence des concepts ci-dessus à travers une expérience utilisateur cohérente, complète et utile : quels seront les usages qui vont subsister, ayant une vraie valeur ajoutée ? Quid de l’identité physique et virtuelle de plus en plus floue ? Sans conteste, une grande phase d’expérimentation de l’IoT va se réaliser dans les prochaines années.

Notre sélection du CES Unveiled

Suite aux conférences, tous les invités ont rejoint la salle d’exposition pour découvrir les start-ups venues faire leur promotion. Sans ordre de préférence, voici notre petite sélection des produits présents au salon et qui seront également à l’affiche au CES de Las Vegas.

#1 : Santé et bien-être

romy_paris

“La beauté en dosettes”, tel est le credo de ROMY Paris qui propose une machine baptisée « Figure » pour composer soi-même ses soins cosmétiques en fonction des besoins du moment. Relié au smartphone via une application, cet « assistant de beauté » sait tout de vous : il sait le temps qu’il fait, quand vous avez mal dormi, quand vous avez fait des excès ou quand vous sortez d’une séance intensive de sport. Avec des capsules de principes actifs (hydratants, anti-âge…) et une base crème ou sérum, Figure élabore la dose de produit adaptée à chaque situation. Le produit se positionne en haut de gamme pour un prix de départ à 490 euros (avec trois mois de soins).

bewell

BewellConnect propose toute une gamme d’objets de santé connectés : de la balance au thermomètre, en passant par un ECG, un glucomètre ou un électro-stimulateur qui seront reliés à une application smartphone unique, My Health Box. Celle-ci propose aux utilisateurs de suivre leurs données de santé sous forme de graphiques ou tableaux de bord et de les partager avec des professionnels de la santé. Elle proposera par la suite d’obtenir des diagnostics par rapport aux constantes mesurées ou des pistes pour une meilleure prise en charge dans le cadre de pathologies chroniques.

qivivo

Qivivo présente une nouvelle version de son thermostat intelligent équipé de capteurs de présence et d’humidité. Il possède une fonction d’auto-aprentissage pour le pilotage de la température et qui promet de réduire jusqu’à 40% la facture de chauffage. Via une application smartphone ou web, Qivivo propose en sus un service de synthèse et de diagnostic énergétique de l’habitation.

 

#2 : Sens(ations)

bixi

Bluemintlabs propose Bixi, un mini capteur de geste à la manière d’un Kinect. Cet objet connecté reconnaît des gestes simples et intuitifs pour piloter un smartphone ou une GoPro lorsque les mains sont occupées ou sales : par exemple en cuisine ou à vélo. Bixi est réalisé dans une coque hyper-résistante et serait compatible avec la majorité des applications.

 

girptic_360

La société Lilloise Giroptic présente la 360 CAM après une campagne Kickstarter réussie. Il s’agit d’une caméra connectée constituée de trois objectifs de 185° synchronisés et capables de restituer en temps réel des images et videos à une qualité élevée (2K en video, 4K en photo). Il n’est pas nécessaire de réaliser un traitement informatique post prise de vue pour profiter des clichés et films à 360°. De plus, la caméra se veut résistante et peut filmer sous l’eau jusqu’à une profondeur de 10 mètres (IPX8).

little_bird

Avec le succès de la romance érotique et la démocratisation des sextoys, B.Sensory propose de faire de la lecture une expérience de réalité augmentée avec son Little Bird. Piloté par une application mobile, l’objet s’utilise selon plusieurs façons : un mode connecté qui contrôle automatiquement les vibrations du Little Bird selon la lecture d’un contenu acheté sur l’app, un mode télécommande qui le commande manuellement selon désirs de l’utilisateur. L’objet se veut souple et silencieux pour s’adapter à toutes situations et anatomies.

prizm

Prizm, déjà présenté ici, est pour rappel un contrôleur audio design et intelligent : une fois connecté à ses enceintes, il les contrôle en totale autonomie. En effet, Prizm est capable de détecter les personnes présentes dans une pièce, via leur smartphone ou leurs bracelets connectés et de jouer automatiquement de la musique selon les goûts musicaux, via les services de Spotify, Soundcloud ou Deezer. De plus, il analyse l’ambiance à l’aide de capteurs sonores et arrive à faire la différence entre une soirée romantique et une soirée entre amis pour adapter la musique au contexte.

#3 : Habitat

buddy

Buddy est un “robot compagnon de tous les jours pour la famille”. L’objectif de Bluefrogrobotics , la société derrière Buddy, est de démocratiser la robotique auprès du grand public : un prix d’appel relativement accessible (entre 500 et 1000€), un design attachant et une offre de services personnels et domotiques (assistant personnel, surveillance de la maison, pilotages des objets connectés, multimédia, assistance aux seniors et enfants). En outre, le robot se veut évolutif grâce à des accessoires supplémentaires et une plateforme logicielle accessible aux développeurs.

concierge

Concierge est un objet connecté en forme de cloche de comptoir que l’on retrouve dans les hôtels. Cet objet possède un unique bouton que l’on actionne pour indiquer que l’on quitte son domicile. A partir de là, Concierge se propose de centraliser les services domotiques et de les piloter en autonomie : fermer les volets roulants si un capteur détecte une forte pluie, appliquer un choix fait à distance depuis l’application mobile, abaisser le chauffage ou verrouiller la porte d’entrée. Cependant, on se pose la question de la compatibilité avec les objets connectés du marché.

Comme on le voit, cette session du CES Unveiled a été très marquée par la présence de l’IoT et des objets connectés ; Gary Shapiro a d’ailleurs signalé que cette catégorie sera prépondérante à Las Vegas avec une surface dédiée beaucoup plus importante que les années précédentes. La phase d’expérimentation prédite par DuBravac n’aura pas seulement pour enjeu de faire émerger les usages avérés de chaque type d’objet connecté, mais aussi de répondre aux nouveaux défis (technologiques, de sécurité ou de confidentialité) et de conduire les acteurs vers des standards communs et interopérables. Mais en attendant, rendez-vous le 10 novembre à New York pour le dernier CES Unveiled de l’année !

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