Kickstarter va-t-il faire trembler la French Tech ?

Le 27 mai dernier, la célèbre plateforme américaine de crowdfunding Kickstarter ouvrait ses portes aux projets en France. Digital Corner propose un regard sur l’impact de l’arrivée de ce géant sur l’économie numérique française.

Kickstarter en quelques chiffres

Infographie Kickstarter

Pourquoi un lancement en France ?

Après les pays anglo-saxons et l’Europe du Nord, la France est le 12ème pays à ouvrir ses portes à Kickstarter. Pour quelles raisons le géant du financement participatif pose-t-il ses valises dans l’hexagone ?

Tout d’abord, le crowdfunding n’a pas attendu Kickstarter pour se développer en France. Plusieurs plateformes comme Kisskissbankbank, Smart Angels ou encore Ulule sont déjà implantées dans le paysage numérique français depuis les années 2010. La France représente ainsi la 3ème place européenne derrière le Royaume Uni et l’Espagne avec plus d’une trentaine de plateformes, plus ou moins spécialisées.

Cette trentaine d’acteurs français a eu une croissance globale de 200% entre 2013 et 2014. Ils ont permis de lever plus de 66M€ simplement sur le premier semestre 2014. L’arrivée de Kickstarter sur le marché français vient ainsi confirmer le potentiel de ce secteur.

En outre, la France possède deux secteurs à l’économie prospère qui se prêtent bien au modèle de financement participatif : la culture (musique, arts, cinéma) et les nouvelles technologies (objets connectés, services numériques).

Que faut-il attendre de l’arrivée de Kickstarter en France ?

Concrètement, l’ouverture de Kickstarter en France signifie que des projets français pourront utiliser la plateforme sans avoir à recourir à l’ouverture d’une société de droit américain et à la collecte de fonds en dollars. Fini donc, les complications légales, administratives et financières.

Une concurrence stimulante pour les plateformes…

Bien sûr, ce nouvel acteur va venir concurrencer les leaders français actuels, Kisskissbankbank et Ululle (respectivement 15 et 13 millions d’euros collectés en 2014). Cependant la croissance de ce secteur étant très dynamique, elle pourrait absorber le nouvel entrant, et ainsi limiter son impact sur les acteurs en place.

A fortiori, cette concurrence nouvelle va forcer les plateformes françaises à se démarquer de leur concurrente américaine sur d’autres critères que simplement les montants collectés ou la visibilité internationale. On peut citer par exemple la qualité d’accompagnement des projets dont dépend directement le taux de réussite des financements.

Le risque qui pourrait pourtant être évoqué est la menace sur les petites plateformes spécialisées. En effet, Ce marché à faible marge suppose un gros volume de projets pour être rentable. Si Kickstarter décidait d’une stratégie d’acquisition de parts de marchés en visant des secteurs de niche, les acteurs actuels de ces secteurs auraient de grandes difficultés à lutter contre la puissance commerciale du mastodonte américain.

…et un rayonnement international des créateurs français

Les bénéfices de l’arrivée de Kickstarter sont à espérer surtout du côté des porteurs de projets qui cherchent un financement. En effet, ce leader mondial offre un rayonnement international aux projets que les meilleures plateformes françaises ne proposent pas aujourd’hui.

Les projets français innovants pourront désormais, grâce à cette visibilité internationale, faciliter leur expansion à l’étranger, et Kickstarter permettra d’attirer des capitaux étrangers qui participeront au développement des technologies Made in France.

De façon plus globale, Kickstarter, grâce à son assise internationale, va permettre de démocratiser un peu plus ce mode financement et décomplexer les investisseurs qui doutaient encore. L’impact sur les modèles de financement traditionnels serait alors conséquent.

Quel avenir pour le crowdfunding en France ?

En conclusion, on peut voir l’arrivée de Kickstarter en France avec un œil plutôt positif et bienveillant en supposant qu’il serait un levier supplémentaire pour développer l’économie numérique française. Pas d’alerte majeure pour la French Tech donc.

Mais au-delà de cette implantation en France, qui n’est qu’une étape dans sa stratégie de développement internationale, l’implantation de Kickstarter dans les pays du sud, et en particulier dans les pays en voie de développement, peut-elle impacter les économies au point de remettre en cause les équilibres économiques actuels ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *