Téléphonie Lync : faut-il se jeter allô ?

Au cours de la dernière décennie, deux mondes ont évolué en parallèle au sein du marché de la communication en entreprise : d’une part les solutions orientées téléphonie, des « Pure Players » (Alcatel, Aastra…) aux entreprises issues du monde de la data (Cisco…), et d’autre part les outils collaboratifs orientés poste de travail, le plus souvent portés par des éditeurs de grande envergure (Microsoft, IBM…). Lync evolutionSuite à la convergence des services de téléphonie vers des solutions IP, ces deux mondes empiètent sur leurs plates-bandes respectives, et la brique de téléphonie Lync en est le parfait exemple, Microsoft s’aventurant là où d’autres solutions de téléphonie concurrentes ont déjà fait leurs preuves. Malgré une intégration optimale avec son système de messagerie instantanée (IM), et souvent déployé dans de nombreuses entreprises pour ce seul usage, Lync a-t-il réellement sa place sur le marché de la téléphonie en entreprise ?

La téléphonie Lync, un démarrage difficile

Microsoft Office Communicator, lancé en 2007 et permettant des échanges en temps réel entre collaborateurs (IM, appels audio/vidéo, présence), devient Lync en 2010 (contraction de « Link » et « Sync »). Ce nouveau produit offre à Microsoft l’opportunité de faire son entrée dans le monde convoité de la téléphonie et des communications unifiées. En se basant sur son historique et son expertise reconnus sur les solutions logicielles collaboratives, Microsoft anticipe une adoption rapide de cette nouvelle brique téléphonie. Cependant, de 2010 à 2012, Lync a du mal à convaincre les entreprises qui ne se sentent pas prêtes à jouer les pilotes sur une fonctionnalité aussi critique que la téléphonie, avec un produit sur lequel les intégrateurs n’ont pas vraiment d’expérience.

Des fonctionnalités distinctes selon le type de licence

Lync a été pensé pour différents usages, traduits par différents niveaux de licences cumulatives. La licence Standard supportant les fonctions « basiques » (IM, présence, appels audio/vidéo poste à poste, interconnexion Skype), il faudra investir dans la licence Enterprise afin d’avoir accès à l’organisation de réunions, de conférences audio, vidéo ou via le web. Enfin une souscription supplémentaire à la licence Plus donnera accès aux fonctions de téléphonie telles que les appels vers/depuis l’extérieur de l’entreprise, les renvois d’appel, les groupes de réponse, la délégation patron/secrétaire ou encore les appels d’urgence.

La licence Plus permet alors d’utiliser le poste de travail comme élément central de la téléphonie, en s’appuyant sur différents périphériques :

  • Haut-parleurs et micro de l’ordinateur : n’engage pas de frais de matériel supplémentaire mais nécessite des composants de bonne qualité et un environnement sonore extrêmement calme.
  • lync phonesCasque audio USB ou sans-fil : souvent le meilleur rapport qualité/prix, il permet une qualité sonore appréciable dans la plupart des cas. Bien entendu, une fois le PC éteint, le casque n’est plus alimenté et les appels ne peuvent ni être reçus ni passés.
  • Téléphone USB : permet d’avoir un téléphone physique sur son bureau, sans aucune intelligence embarquée. Tout comme le casque, le téléphone n’est plus alimenté une fois le PC éteint.
  • Téléphones IP standalone : relié au même compte Lync que celui auquel est connecté le client PC/Mac. Il est alors toujours possible de recevoir et émettre des appels, même avec un PC éteint.
  • Pieuvres d’audioconférence : pour les salles de réunion
  • DECT et téléphones Wi-Fi : destinés aux usines et aux gardiens embarquant des fonctions avancées (ex : détection d’homme à terre)

La version mobile, Lync Mobile 2013 permet de retrouver la plupart des fonctionnalités offertes par le client (IM, appels audio/vidéo sur IP, partage de présentation PowerPoint réunions en ligne…) sur smartphone ou tablette iOS, Android ou Windows Phone à travers les applications dédiées. À noter que cette version 2013 permet de réels appels Lync (qui rejoignent le réseau de l’entreprise à travers le serveur Edge et le Reverse Proxy) via Wi-Fi ou 3G/4G.

Du point de vue de l’architecture et du sourcing ?

Au niveau architecture globale, Lync ne diffère pas réellement des solutions que peuvent proposer les autres constructeurs de téléphonie, si ce n’est que l’ensemble des services peut être concentré sur un seul serveur (« Front End »), là où d’autres solutions pourraient nécessiter un serveur par application.

« Server » vs « Online »

Microsoft a également profité de la montée de version majeure de Lync (2010 à 2013) pour faire ses premiers pas dans le Cloud en proposant non plus un seul modèle d’architecture physique « Server » mais également une version « Online », avec la possibilité de mettre en place une architecture « hybride » mixant les deux solutions.

servervsonline

Sur site distant

Si la plupart des fonctions de base sont supportées dans les trois versions, seule la version Server permet l’activation de la téléphonie. A l’instar de ses concurrents, Lync permet une connexion au Réseau Téléphonique Commuté (RTC) centralisée ou en local via des passerelles. Sur les sites où la téléphonie a un impact direct sur les métiers (centres d’appels notamment), il est possible d’installer en sus de la passerelle un serveur Lync Standard Edition (SE) ou une Survivable Branch Appliance (SBA) pour conserver l’ensemble de fonctions de téléphonie avancées en cas de perte du WAN (groupes de réponses, conférences,…).

À noter que Microsoft n’est pas fournisseur de ces passerelles, contrairement à Cisco qui fabrique ses propres « Cisco Integrated Services Routers ». L’entreprise de Redmond oriente alors ses clients vers des fournisseurs homologués tels que AudioCodes ou encore Sonus (ex-NET). Il est également important de savoir que l’offre Lync Online (à travers la solution Office 365) ne supporte pas la téléphonie.

A quand la téléphonie dans le Cloud ?

phoneaasLa téléphonie dans le Cloud (ou téléphonie « As A Service ») est envisageable aujourd’hui, mais sous forme d’une offre Server hébergée chez un tiers (Orange, Verizon). L’entreprise loue alors le service de téléphonie, tout en ayant le choix de conserver ou non la partie Exchange au sein de son propre datacenter. Par ailleurs, lors de la première Lync Conférence France (12 novembre 2013), Microsoft a déclaré que la téléphonie dans le Cloud serait proposée « à moyen terme » dans l’offre Online.

 

La téléphonie Lync commence donc à prouver qu’elle a sa place sur le marché de la téléphonie d’entreprise, alimentant ainsi de nombreuses réflexions au sein des entreprises. Afin de faire pencher la balance en sa faveur, Microsoft joue la carte de la simplification de l’interface utilisateur et de la mise en place de la solution, tentant ainsi de compenser l’impact lié au changement d’usage. Il est en effet important de garder à l’esprit que la téléphonie Lync est une brique à la fois bureautique et téléphonique, qui peut entraîner une modification forte des habitudes au sein de l’organisation originelle.

3 thoughts on “Téléphonie Lync : faut-il se jeter allô ?

  1. Merci pour cet éclairage !

    A mon sens, la migration du service téléphonique vers le poste de travail est une décision avant-gardiste.
    En effet, beaucoup d’utilisateurs sont encore attachés au terminal téléphonique physique bien présent sur leur bureau (ce que propose également Lync).

    Les entreprises innovantes qui sauteront le pas devront mettre un accent particulier sur l’accompagnement utilisateur.

  2. Ping : Yes, UCaaS !

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