[Facilitons l’Open Data !] Quelles données ouvrir ?

Nous l’avons vu précédemment, l’Open Data est un vaste sujet en passe de devenir un enjeu clé aussi bien pour les entreprises que pour leurs écosystèmes d’utilisateurs et partenaires. En prenant du recul, nous pouvons même voir que l’Open Data s’inscrit dans les prémisses du Big Data.

Ce sujet est d’autant plus important pour les entreprises que l’aborder dès maintenant leur permettrait de se placer comme précurseur français et de faire profiter de leur retour d’expérience quand il faudra demain le réglementer.

Oui mais comment faire quand pour les plus grandes entreprises, les données sont abondantes et dispersées dans plusieurs services ou entités ? Telcospinner vous propose donc aujourd’hui de découvrir une stratégie pour recenser les données à ouvrir en priorité. Nous nous servirons de l’exemple de la SNCF, un des pionniers de l’Open Data en France, comme fil conducteur.

 

Tatez le terrain : l’Open Data, une innovation avant tout

L’Open Data est une innovation de processus et comme nous le verrons par la suite de business model. Jusqu’à présent, les entreprises étaient plus ou moins maitresses des informations qu’elles publiaient. Demain, elles vont devoir apprendre à fonctionner en ouvrant, rendant publique une plus grande part de leurs données. Les processus de traitement des données vont donc être modifiés en profondeur. C’est aussi une innovation de service puisque les données publiées permettront leur intégration, leurs réutilisations dans différents produits ou services.

Gaphique d’Everett Rogers

Or, dans tous les cycles d’innovation, vous rencontrerez différentes typologies d’utilisateurs. Les « innovators » et « early adopters » seront les premiers à prendre en main l’innovation, souvent experts et surtout influenceurs de leur domaine. Viendront ensuite les majorités précoces et tardives puis les « laggards » (trainards). 

Dans le cas de l’Open Data, il s’avère que ce cycle d’adoption est valable à la fois pour les entreprises mais aussi pour leurs écosystèmes.
C’est à ces derniers que nous allons nous intéresser en commençant par leurs « innovators ».

Au début de l’année 2012, la SNCF a lancé la bêta de son site data.sncf.com. Cet espace avait pour but de recevoir des premiers retours sous forme de « Si demain, nous publiions nos données, quel usage en feriez-vous ? ». Le géant ferroviaire était-il frileux ? Peu importe !
Ce premier pas peut permettre à une entreprise d’identifier une communauté sensible à l’Open Data, ses « innovators ». Cette communauté est une vraie force en innovation. Force de proposition, elle va profiter de cet espace de paroles pour partager ces idées qui les travaillaient depuis un certain temps. Vous pourrez alors commencer à apercevoir les premières grandes tendances, les données qui importent et qui peuvent nourrir votre écosystème dans un premier temps.

Toutefois cela ne suffit pas. Les « innovators » sont des experts, ils s’intéressent énormément au sujet proposé mais ils peuvent aussi vite passer à la prospective, à ce qu’ils voudront demain. C’est une communauté forte et indispensable mais aussi très restreintes.
Il faut donc que ces influenceurs puissent avoir matière à parler de vous. Cette matière a été pour la SNCF l’ouverture d’une plateforme d’appel à idées. Dans un deuxième temps, le groupe a ouvert ses premiers jeux de données, sous couvert de licences, sur test.data-sncf.com.
Passons maintenant à la deuxième étape.

 

Récoltez les idées : l’Open Data, de l’Open Innovation aussi

Maintenant que des premières grandes tendances se dégagent, prenez appui sur elles et allez chercher vos « early adopters » et votre majorité précoce.
Pour ce faire, nous avons choisi de vous présenter un des leviers les plus utilisés de l’Open Innovation : l’innovation participative. Le principe est simple. Vous ouvrez à une population donnée, une plate-forme sur laquelle ils pourront poster leurs idées, voter et enrichir celles des autres en les commentant.

Toutefois, dans le cadre de l’Open Data, ces plates-formes sont plutôt à utiliser sur le long terme, en trame de fond génératrice de contenus. Elles demandent une animation et un processus de traitement des idées en propre.

C’est pourquoi, pour faciliter le lancement d’une entreprise dans l’Open Data, il faut développer un concours d’idées, d’applications sur un temps donné.
La SNCF a lancé son concours d’application web et mobile Open App pour sa filiale Transilien. Les contributeurs pouvaient y poster des idées ou voter. Petite cerise sur le gâteau, le groupe s’est entouré d’un jury d’experts en charge non seulement d’apporter leur avis sur les différentes applications proposées mais aussi de décerner un prix du jury à leur application coup de cœur.

À la suite d’un tel concours, il est nécessaire de catégoriser les idées et surtout de les analyser pour comprendre quelles données seraient nécessaires à leur développement et a fortiori, quelles données intéressent le plus votre écosystème.

En parlant de développement, pourquoi s’arrêter en si bon chemin. Savez-vous comment la ville de Washington a pu dégager, dans le domaine de l’Open Data, un ROI estimé à 4 600% ? Plus que les simples fiches idées, la capitale a lancé un concours d’application… développées.

 

Hackez-vous : l’Open Data, de la co-création toujours

Aujourd’hui, nous n’avons pas connaissance d’un ROI sur l’Open Data à long terme. En revanche, il est facile pour une entreprise d’en générer un dans sa logique de déploiement.
Avez-vous déjà entendu parler des Hackatons et autres Bemyapp week-ends ? Le principe est simple. Les équipes formées sur place ont en moyenne 48h pour développer une application mobile sur le thème proposé. Un jury sélectionne ensuite l’application gagnante avec des récompenses variables à la clé.

Pour reprendre l’exemple de Washington, l’organisation du concours a coûté 50 000$ dont une partie était destinée aux gagnants. La valeur des applications développées a elle était estimée à 2,3 millions de dollars.

Ainsi, pendant les week-ends de développement, des applications mobiles et/ou web vont être crées de façon plus ou moins abouties. Vous aurez donc potentiellement de nouvelles applications à proposer dans des délais raccourcis à vos clients et utilisateurs. Il tient bien sûr aux organisateurs de spécifier dans leur règlement les droits de propriété des applications développées. Globalement, vos coûts de développement de service seront donc réduits.
Toutefois, au-delà de la valeur ajoutée financière, ces concours permettent aux entreprises de découvrir des points de blocage, des goulots d’étranglement identifiés par des équipes expérimentées et férues d’innovation.

 

C’est ainsi que j’ai pu découvrir un des points les plus bloquants en terme d’Open Data. Lors de la remise des prix du concours Open App, j’ai eu l’occasion de discuter avec les équipes. Et ce qui était déjà identifié par certains est apparu très clairement : en l’état, les données publiées ne sont pas faciles à réutiliser. Il n’est en effet pas à la portée de tous d’intégrer dans son service ou son application des données brutes et en quantité astronomiques. Ce frein ne bloque peut-être pas l’entreprise qui ouvre ses données. En revanche, il va avoir un impact non négligeable sur le développement de l’écosystème en formation de l’Open Data.
Moins une technologie, un service est facile à (ré)utiliser, à s’approprier, plus sa diffusion sera lente et plus sa montée en puissance, le déploiement de toute sa capacité sera longue.
Nous verrons donc dans la dernière partie de cette série Facilitons l’Open data ! comment faciliter la réutilisation des données publiées.

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