Facebook : Pourquoi lance-t-il son réseau social d’entreprise ?

Facebook a lancé son réseau social d’entreprise. Baptisé « Facebook at Work », il est actuellement accessible à un nombre restreint de partenaires. L’interface de cette nouvelle version ressemble très fortement à ce qui est proposé sur le réseau social grand public. Il dispose d’un outil de conversation entre collaborateurs afin de simplifier les échanges ainsi que d’un outil de partage de documents de travail. Les entreprises peuvent-elles faire confiance au géant du web ? Pourquoi Facebook se positionne sur ce marché ? Qu’est-ce que cela pourrait changer ?

« J’ai partagé le planning du projet sur Facebook »

Cette phrase pourrait prochainement devenir banale si votre entreprise décide de proposer Facebook at Work à ses employés. Le réseau social d’entreprise (RSE) de Facebook en cours de test permettrait d’échanger entre collaborateurs via des fils de discussion ou des messages instantanés et de partager des actualités ou des documents. Les applications iOS et Android sont déjà disponibles, mais utilisables uniquement par les entreprises participantes aux tests. L’utilisation de cette version professionnelle serait une manière d’améliorer la productivité des équipes grâce à l’aspect collaboratif des outils proposés. Un algorithme de filtrage du flux d’actualité est utilisé afin qu’apparaissent en priorité les contenus jugés pertinents, note TechCruch. Facebook met aussi en avant la richesse des profils qui permettent notamment de déterminer rapidement les domaines de compétence de chacun.

Facebook se placerait ainsi en challenger des outils collaboratifs actuels à l’instar de Yammer de Microsoft. Reste à savoir si les entreprises sont prêtes à faire confiance au géant du web. N’oublions pas que l’usage des réseaux sociaux est réglementé dans de nombreuses entreprises.

Les entreprises peuvent-elles faire confiance à Facebook ?

Facebook n’est pas un acteur du monde professionnel et son activité consiste à collecter et traiter des données pour générer des revenus publicitaires. Facebook a été critiqué à de nombreuses reprises pour sa gestion des données personnelles et les polémiques à répétition ont nui à sa réputation. Or, la protection des données sensibles demeure primordiale pour les entreprises et ces dernières s’attendent à ce que les collaborateurs partagent des informations en toute confidentialité. « Pour une entreprise, il n’y a aucune raison de faire confiance à Facebook pour la gestion de ses données » déclare Philippe Torres, directeur conseil et stratégie de L’Atelier. Pour faire partie intégrante de la vie au bureau, Facebook devra gagner la confiance des entreprises et des organisations qui sont très nombreuses à proscrire sa version grand public. La société de Mark Zuckerberg devra également démontrer que cette édition professionnelle garantit la confidentialité des échanges. Pour l’instant, il n’est à priori pas possible de restreindre l’accès au contenu : une publication est visible par tous les utilisateurs de l’entreprise. L’administrateur de Facebook at Work au sein de l’entreprise peut accéder aux e-mails professionnels et aux fichiers de travail de n’importe quel utilisateur.

La stratégie de Facebook : connecter tout le monde

« Nous allons continuer à nous préparer au futur en investissant agressivement, en connectant tout le monde, en comprenant le monde et en construisant la prochaine génération de plate-forme informatique », déclarait Mark Zuckerberg lors de la publication des chiffres du troisième trimestre 2014. Dix ans après sa création, Facebook compte aujourd’hui 1,35 milliard d’utilisateurs actifs par mois dans le monde. Les empires Internet et surtout les réseaux sociaux sont soumis à l’effet de mode et ont ont besoin de se renouveler. Facebook at Work serait un nouveau vecteur de croissance pour Facebook, car il augmente la diversité de son offre en s’attaquant à une nouvelle cible et en comblant l’effritement des jeunes utilisateurs qui se dirigent vers d’autres services comme Snapchat. Autre avantage, cela assurerait un taux d’engagement tout au long de la journée, le réseau social est souvent déserté par les utilisateurs durant les horaires de travail. Les utilisateurs américains passent 40 min par jour sur le service alors que leur temps passé sur un média numérique (télévision, téléphone, ordinateur…) est de 9 heures par jour.

Facebook at Work : capable de dynamiser le marché des RSE ?

L’adoption des réseaux sociaux par les entreprises est plus lente que prévue. Les prévisions de croissance ont chuté d’environ 50% au cours des deux dernières années, passant de 4,5 milliards de dollars en 2016 à 2,3 milliards en 2018. La rentabilité de tels investissements pour les entreprises est difficilement mesurable. D’autre part, les difficultés sont aussi dues à l’approche Provide and Pray adoptée par la majorité des entreprises, c’est-à-dire sans but bien défini et convaincant. La plupart de ces initiatives n’apporte donc finalement pas de valeur à l’entreprise.

L’arrivée d’un nouvel acteur de taille pourrait stimuler le marché des RSE si les retours d’expériences des tests en entreprises s’avéraient positifs. Cela obligerait les autres acteurs à poursuivre leur montée en gamme. Un des enjeux de la société de Menlo Park serait alors d’imposer sa solution face aux géants du secteur, notamment Microsoft, leader des logiciels sociaux en entreprise.

Magic Quadrant for Social Software in the Workplace
Source : Gartner, Septembre 2014

En proposant une version professionnelle de son réseau social, Facebook souhaite toucher un plus large public, diversifier ses services pour connecter le monde et se rendre de plus en plus indispensable à la manière de Google. En accord avec cette stratégie, la société de Mark Zuckerberg multiplie les acquisitions tel le rachat d’Ascenta afin d’initier un projet de drones fournisseur d’accès à Internet. Ce projet permettrait d’augmenter le nombre d’internautes dans le monde et donc le nombre d’utilisateurs potentiels. Elle souhaite également intégrer le marché chinois en tentant d’entrer dans le capital du fabricant de téléphones XiaomiGrow fast or die slow, tel est le mantra illustrant parfaitement la stratégie actuelle de Facebook.

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