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La 5G à Viva Tech : une technologie pleine de promesses ?

La salon Viva Tech s’est tenu du 16 au 18 Mai au Parc des Expositions de la Porte de Versailles. Sa 4ème édition aura ainsi été marquée par un certain engouement autour de la 5G. En effet, au fil de notre circuit dans les halls 1 et 2, nous avons pu constater que cet enthousiasme a été porté par près d’une quinzaine d’acteurs différents.

Équipementiers, opérateurs télécoms et certains industriels (grands groupes, start-ups) ont profité de cet événement pour affirmer la nécessité de capitaliser sur les opportunités conférées par cette technologie-clé qui pourrait s’avérer disruptive pour certains secteurs (agriculture, transports).

Nous avons ainsi été témoins de ses nombreuses applications plurisectorielles : de la télémédecine à la ferme autonome, en passant par l’industrie 4.0 et la ville intelligente.

Explorons les principaux cas d’usage qui ont été présentés !

 

 

I – Un éventail large et diversifié d’acteurs

Conscientes des enjeux et des perspectives de la 5G, nombreuses et diverses sont les organisations qui ont mis à l’honneur, la cinquième génération de standards pour la téléphonie mobile.

Notre parcours lors de la journée du 17 mai, schématisé ci-dessous, aura été placé sous le signe de la 5G, avec au moins 6 conférences portant uniquement sur ce thème.

 

Les équipementiers

Parmi les équipementiers, Huawei, Samsung et Cisco étaient présents. Ils n’auront pas manqué de vanter les bénéfices de la 5G et de promouvoir leurs expérimentations. Leur objectif nous était clair : sensibiliser les entreprises comme le grand public à cette nouvelle technologie afin d’accélérer son déploiement et son adoption.

 

Les opérateurs télécoms

Parmi les opérateurs télécoms, Orange et AT&T ont spécifiquement communiqué sur le sujet aussi bien lors de conférences que sur leur stand (présentation de dispositifs rendus possibles grâce à la 5G notamment). Leur prise de parole à Viva Tech a permis de réaffirmer leur positionnement sur les cas d’usages B2B de la 5G, voyant en elle un potentiel qui dépasse le périmètre des applications B2C.

Néanmoins, Orange s’est particulièrement démarqué en organisant la finale de son challenge 5G qui a fait concourir 280 start-ups. Leur objectif ? Démontrer à Orange, au jury et au public comment la 5G d’Orange participera à redéfinir ainsi qu’à améliorer leur offre de produits et services. A la clé ? L’opportunité d’être accompagné par Orange pour implémenter leur solution.

 

Les industriels

Quelques grands groupes et start-ups ont eux aussi discuté de l’impact de la 5G pour les entreprises, les territoires et les individus.

Parmi les grands groupes, nous avons principalement noté la présence et les allocutions de la SNCF, Thales et Vinci Energies. Quant aux start-ups, nous avons été marqués par les cinq finalistes du Challenge 5G d’Orange (CAD.42, TwinswHeel, Tikaway, HypnoVR, Boréal) qui, au regard de l’événement, se sont le plus exprimées sur le potentiel de la 5G.

 

Les institutions

Acteur institutionnel des télécommunications, l’ANFR (Agence Nationale des Fréquences) a assuré sa présence à Viva Tech pour informer les visiteurs sur, outre les nouveaux usages, le calendrier (national et européen) de la 5G ainsi que sur les chantiers qui en découlent afin de réussir son déploiement.

 

 

En outre, elle aura profité de son exposition pour rappeler son rôle-clé de tiers de confiance auprès du grand public.

 

II – Une myriade d’applications encore inexplorée

La 5G ne peut être seulement définie par une version améliorée de la 4G. Un très haut débit, une latence particulièrement faible et une densité d’objets connectés jusqu’à dix fois supérieure à celle conférée par la 4G, sont autant d’améliorations majeures susceptibles de déverrouiller certains cas d’usage, et d’en inventer de nouveaux jusqu’alors insoupçonnés.

Certaines entreprises se sont alors lancées dans l’exploration d’un univers qui ne relève plus uniquement de la science-fiction.

 

 

Nourrir les hommes

Si la 4G aura favorisé l’émergence et le développement de la smart agriculture, cette dernière pourrait prendre son essor avec l’émergence de la 5G. Le nouveau standard permettra de multiplier les capteurs au sein des cultures et des élevages, mais aussi de contrôler des drones.

En ce sens, l’équipementier Cisco a collaboré avec l’Agri-Epi Centre (un établissement gouvernemental britannique spécialisé dans l’Agri-tech) pour conduire une expérimentation visant à automatiser des fermes dans les comtés britanniques de Shropshire et Somerset.

Dans l’une, le trajet des tracteurs autonomes s’ajuste automatiquement et instantanément en fonction des obstacles, même dynamiques, comme du bétail ou d’autres engins agricoles.

Dans l’autre, les vaches sont appareillées de colliers connectés dopés à la 5G et de marques auriculaires qui collectent et actualisent en temps réel leurs mesures physiologiques afin que les éleveurs puissent surveiller leur état à distance.

Ces objets connectés ont également été conçus dans le but de favoriser le bien-être animal. En effet, ils contribuent à automatiser le processus de traite grâce à un système robotisé qui permet à la vache de s’approcher de la station à son rythme, de franchir les barrières après avoir été identifiée et de se connecter au robot de traite sans solliciter l’action d’un éleveur. Au-delà de l’automatisation, la technologie rend dans ce cas, le droit aux vaches de choisir le moment opportun pour la traite afin de ne plus la subir.

En outre, des automatismes tels que l’irrigation, l’épandage ou le labourage à des instants et parcelles précis, sont déclenchés en s’appuyant sur des images prises en haute définition par les drones.

Pour Huawei, le très haut débit de la 5G est également indispensable pour la pisciculture. En effet, au moyen de caméras et objets connectés installés dans une ferme piscicole, l’éleveur suit depuis une longue distance et en temps réel, l’état des poissons afin d’ajuster la quantité de nourriture injectée et éventuellement dépêcher une intervention humaine. Ici aussi, l’objectif est d’atteindre à terme un modèle de ferme piscicole autonome grâce à la 5G.

La 5G est ici vue comme un moyen de transformer les techniques de culture et d’élevage pour d’une part, produire plus afin de répondre aux besoins suscités par la croissance démographique mondiale, et d’autre part, produire mieux dans le respect de l’environnement, du bien-être animal et de la qualité des produits agroalimentaires.

 

Rendre la santé accessible à tous

A l’image de l’intervention neurochirurgicale qui a eu lieu en Chine entre un patient et un chirurgien éloignés de 3000km, la 5G conduirait à répondre au problème des déserts médicaux.

Bien que l’accent soit pour l’heure mis sur les consultations et opérations chirurgicales à distance, la start-up HypnoVR a présenté un nouveau cas d’usage. La jeune pousse souhaite encourager l’anesthésie par l’hypnose afin de limiter les effets secondaires des traitements chimiques. Or, l’offre s’avère saturée et l’accès à ce procédé médical demeure aujourd’hui limité.

C’est pourquoi, au moyen d’un casque de réalité virtuelle, d’outils de mesure physiologique et d’un logiciel relié au cloud, HypnoVR compte démocratiser cette pratique en immergeant le patient dans un univers virtuel qui vise à le détendre. Construit par des images et scénarios qui s’adaptent en fonction des réactions physiologiques du patient, ce contenu dynamique et thérapeutique ne peut parvenir au patient de façon fluide uniquement si la latence est conforme aux standards de la 5G. En outre, la connectivité offerte par cette dernière vient pallier le problème de connexion caractéristique de nombreux établissements de santé.

 

Proposer de meilleurs services aux collaborateurs

Aider les collaborateurs à mieux travailler, tel est un besoin auquel le déploiement de la 5G peut également répondre. Elle pourra non seulement les amener à mieux se former mais aussi à collaborer plus efficacement.

La start-up SmartVR Studio a conçu pour la SNCF, un dispositif de formation par réalité virtuelle à travers lequel le personnel du train se retrouve immergé dans différentes situations d’incendie à l’intérieur d’une rame de train qui a été modélisée au préalable. SmartVR Studio épargne ainsi à l’entreprise ferroviaire de réquisitionner une rame, les coûts d’opportunités qui y sont associés ainsi que les frais logistiques liés à une simulation d’incendie. Le collaborateur doit ainsi traiter, en un temps donné, un incendie dont la fumée et les flammes troublent progressivement les sens, tout en assurant l’évacuation des voyageurs.

Bien que la 5G puisse se montrer nécessaire pour étendre le dispositif à un nombre plus conséquent d’employés au même moment grâce à une latence plus faible et une bande-passante plus élevée, les atouts de la 4G semblent suffire pour l’heure au regard de la récence et de la portée de ce cas d’usage.

Les solutions de visioconférence comme Webex, BlueJeans ou Microsoft Teams se démocratisent de plus en plus au sein des entreprises. Cependant, une qualité vidéo médiocre, un audio et une vidéo asynchrones ou encore un différé audio de plusieurs secondes sont autant de problèmes qui sont régulièrement remontés et qui impactent l’efficacité d’une réunion.

Selon Huawei, déployer la 5G contribuerait ainsi à gommer ces irritants grâce à une qualité vidéo bien supérieure et une latence des plus faibles pour fluidifier l’expérience collaborateur, et rendre les conférences à distance plus productives.

Ainsi, les cas d’usage au service des collaborateurs présentés à Viva Tech, se sont résumés à la formation et à la communication à distance. Néanmoins, il s’agit d’un champ d’application relativement jeune qui ne demande qu’à être approfondi et nourri.

 

Offrir une mobilité plus intelligente et plus sûre

L’enthousiasme suscité autour de la voiture autonome et de la ville connectée au cours des dernières années, aura mis la lumière sur les applications V2V (Vehicle to Vehicle) et V2I (Vehicle to Infrastructure) prospectives qui y sont attachées, et qui pourront voir le jour grâce au déploiement de la 5G.

Sur son stand à Viva Tech, Huawei a, à ce sujet, vanté l’intercommunication des véhicules rendue possible par la 5G. Ainsi, chaque véhicule, muni de plusieurs capteurs et autres objets connectés, sera en mesure de percevoir ce que les autres véhicules perçoivent (obstacles, autres véhicules, piétons, accidents, rond-point, carrefour) mais surtout d’anticiper leurs actions et d’adapter le trajet ou encore la vitesse en fonction des informations émises.

 

De son côté, Thalès a brièvement énoncé les applications V2I de la 5G. Reliée aux infrastructures de la ville connectée, une voiture autonome pourra se rendre à la station-service la plus proche lorsque sa jauge d’essence atteint un seuil critique préconfiguré ou encore se connecter aux caméras installées dans la ville afin d’anticiper, là encore, les prochains obstacles et embouteillages. L’objectif est ici d’optimiser la sécurité en milieu urbain et de favoriser le confort des passagers.

 

Compte tenu de la densité colossale d’objets connectés et de l’exigence d’une latence minimale (enjeux critiques de sécurité), la 5G constitue vraisemblablement un rouage indispensable à la construction de ces univers.

Cela dit, il aurait été souhaitable d’observer de nouveaux cas d’usage plus tangibles dès lors que l’on en parle depuis maintenant plusieurs années. Cette situation pourrait s’expliquer par le flou engendré au fil des houleux débats sur la définition du standard (5G ou Wifi) en Europe. Ces débats auront finalement abouti au rejet du projet Wifi par l’Union Européenne, le 8 juillet.

 

Développer lindustrie 4.0 : plus productive, plus sécurisée

Depuis plusieurs années, l’industrie 4.0 constitue un buzzword auquel on a affecté de nombreux cas d’usage tantôt spéculatifs tantôt palpables. Le salon Viva Tech aura été l’occasion de présenter des perspectives concrètes que la 5G octroie pour bâtir un environnement de travail plus productif et plus sécurisé.

La SNCF aura communiqué sur un principal usage : la maintenance assistée et prédictive. Grâce à un réseau éparse et conséquent d’objets connectés implantés dans les rames de train, les détails techniques sont régulièrement actualisés et analysés afin d’assister l’opérateur dans la détection précise de la panne voire de l’anticiper.

A mesure que les rames de train se retrouvent toutes équipées de capteurs, la 5G finira par être une nécessité, eu égard au besoin croissant de bande-passante (des données collectées de plus en plus nombreuses) et d’une concentration accrue d’objets connectés dans la même zone, des exigences auxquelles la 4G ne pourra plus répondre.

 

A l’instar du robot YuMi de Nokia armé de la 5G, Huawei a souhaité souligner le caractère impérieux de cette technologie-clé afin d’accélérer l’automatisation de certains procédés productifs en s’appuyant sur une collaboration plus efficiente des robots. Ces derniers sont ainsi capables de réagir rapidement, grâce à une très faible latence, et corriger les erreurs qui ont pu être faites.

 

Dans le cadre du challenge 5G organisé par Orange, deux start-ups se sont démarquées et ont présenté des applications au bénéfice de l’industrie 4.0.

Tikaway souhaite accélérer la réparation d’une panne en dispensant l’expert des déplacements liés à une intervention terrain. Muni d’un casque de réalité augmentée, comprenant une caméra industrielle, un micro et des capteurs, l’opérateur terrain communique avec l’expert technique et lui transmet en temps réel ce qu’il voit pour que ce dernier puisse identifier l’origine de la panne grâce à des images retransmises en très haute définition. En outre, l’expert a également la possibilité de faire des annotations visibles par l’opérateur pour lui donner les moyens de résoudre lui-même la panne. Ici, la 5G s’impose puisqu’elle permet, grâce à son débit élevé, de générer des images en haute définition et par le biais de sa faible latence, de faciliter les échanges (images, annotations, propos) entre les deux parties.

 

 

CAD.42, grand gagnant du challenge, souhaite répondre aux enjeux de sécurité particulièrement critiques du secteur du BTP, dans lequel un ouvrier sur dix subit un accident du travail.

A l’aide d’un écosystème IoT déployé sur le chantier (capteurs dans les vestes des ouvriers, dans les véhicules lourds et la moufle de la grue) et s’appuyant sur des solutions de géolocalisation et de communication, des données sont collectées, traitées, visualisées et exploitées en temps réel afin de donner une vue d’ensemble du lieu de travail. Cela conduit, entre autres, à déclencher des alertes préventives si nécessaire et optimiser le pilotage des travaux, notamment en repérant les risques de gâchis de ressources.

La 5G permet ici deux choses : le traitement en temps réel des données et le déclenchement des alertes décisives grâce à une latence des plus basses et une installation plug & play des dispositifs, épargnant à l’entreprise une installation sur place de l’écosystème IoT.

 

Parmi tous les secteurs, l’industrie 4.0 se sera montré comme le plus mûr quant à l’exploration des opportunités offertes par la 5G avec des applications assez concrètes de cette technologie-clé. Néanmoins, les cas d’usage présentés n’auront pas tant surpris en raison de leur maturité et auront probablement manqué d’une dimension futuriste.

 

Viva Tech 2019 – Une préfiguration des applications de la 5G

Lors du salon Viva Tech 2019, la 5G aura effectivement fait parler un nombre non-négligeable et diversifié d’acteurs. Cependant, la maturité des solutions et des cas d’usage testés varie d’un secteur à l’autre, une différence que l’on peut expliquer par une expérimentation plus ou moins difficile selon les verticales. En effet, autant déployer une antenne suffit à mener l’expérience dans une usine, autant tester les cas d’usages V2I permises par la 5G demande une mise en place complexe d’infrastructures et de dispositifs plus coûteux.

En écho aux propos tenus par Sébastien Soriano, président de l’Arcep, qui regrette que les verticales n’aient pas saisi l’opportunité qui leur était offerte d’expérimenter la 5G via l’appel à pilotes initié, cette 4ème édition de Viva Tech aura davantage mis en avant les fournisseurs de cette technologie (équipementiers et opérateurs) que les futurs utilisateurs (industriels).

Les verticales n’auraient-elles pas encore saisi les enjeux et opportunités offertes par la 5G ? Ou bien, peut-être n’ont-elles pas souhaité communiquer sur l’avancée de leurs recherches et expérimentations afin de ne pas dévoiler leur stratégie sur le sujet ?

 

Dans tous les cas, il n’est pas trop tard pour se lancer dans cette aventure ! La balle semble être aujourd’hui dans le camp des entreprises avec qui les équipementiers et opérateurs télécoms n’attendent qu’une chose : expérimenter conjointement le gigantesque champ des possibles, et partager les risques et les investissements qu’exige le déploiement de la 5G.

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