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Internet des objets : comment Blackberry veut se (re)connecter aux entreprises

En matière de nouvelles stratégies, Blackberry fait preuve ces derniers mois d’inventivité pour reconquérir des parts de marché et sortir la tête de l’eau. Cette fois-ci, c’est sur le secteur des objets connectés que l’entreprise canadienne entend bien se positionner. Mercredi 21 mai à San Francisco, Alec Saunders, Vice-Président de l’activité QNX Cloud de la marque, a levé le voile sur le projet Ion. Un « nouveau départ » qui s’appuie sur la volonté de toucher les entreprises désireuses d’exploiter la mine de données générées par le machine-to-machine.

Blackberry et l’internet of things : issue de secours ou opportunité stratégique ?

Alec Saunders ©Blackberry
Alec Saunders ©Blackberry

Le fameux slogan « Keep Moving » semble aujourd’hui mis à mal. À la peine sur le marché des smartphones grand public, Blackberry se tourne vers des segments moins concurrentiels. À la mi-mai, le groupe annonce le lancement d’une gamme de téléphones destinée aux pays émergents. Faire entendre sa voix sur la question des objets connectés, s’implanter en Amérique Latine ou en Afrique, autant de cordes d’égale importance que l’entreprise tente d’ajouter à son arc ? Pas si sûr.

De l’avis du PDG de Blackberry, le M2M est amené à devenir l’une des clés de voûte du monde numérique. Et par ce biais, une force en présence majeure de notre écosystème commercial. « Alors que les coûts de connectivité continuent de baisser et que les technologies connectées deviennent omniprésentes, un nouveau marché émerge – l’Internet des objets », a déclaré John Chen il y a quelques jours, dans le communiqué de presse officiel. Et Alec Saunders d’ajouter : « Si l’on se fie à toutes les prévisions, il y aura 50 milliards de terminaux connectés à l’Internet des objets d’ici 2020. Cela veut dire que l’on parlera de milliers de milliards de transactions machines».

Ici réside l’essence du projet Ion : gérer les énormes volumes de données produits par les futurs appareils connectés, parvenir à les analyser et à en extraire des informations pertinentes sur les utilisateurs. Des patterns qui représenteraient alors une source de valeur de premier ordre pour les entreprises.

Le projet Ion, une renaissance inespérée pour le système QNX

 Pour parvenir à ce but ambitieux, trois volets sont mis en action :

  • la technologie QNX, un système d’exploitation créé en interne, qui permettra de développer la plateforme du projet Ion et ses applications,
  • l’accès à des consortiums comme l’Industrial Internet Consortium et l’Application Developer Alliance, pour favoriser la mise en place de technologies standardisées,
  • des partenariats noués avec les principaux acteurs du marché (fournisseurs d’accès, opérateurs etc.) afin d’accroître la disponibilité du M2M.

Alors que Blackberry est encore discret sur le dernier point – aucun rapprochement n’a pour l’instant été annoncé –, l’OS QNX occupe les devants de la scène. Acquis en 2010 par le constructeur, il devait lui permettre d’entamer sa phase de relance. Pourtant, et ce malgré de nombreux atouts, il n’a pas permis à Blackberry de résister face à la pression d’Apple et d’Android.

La raison de son retour en force ? Avoir su rester l’un des systèmes de prédilection pour l’installation de systèmes embarqués dans les voitures et donc un nom de référence dès lors qu’il s’agit des objets connectés. Il sera le support du développement de l’élément central du projet Ion, cette plateforme sécurisée qui verra l’émergence d’applications ouvrant l’accès à une multitude de terminaux et de sources de données.

qnx_cloudHD_©Berryflow.com

Cibler les entreprises : quand Blackberry renoue avec ses premières amours

Le marché des grandes organisations demeure le cœur de cible historique du groupe, toujours le « chef de file » dans ce secteur, selon une lettre ouverte de son PDG publiée fin 2013. Le constructeur canadien évoque des cibles précises intéressées par l’obtention d’informations en temps réel. Le secteur des fabricants pourrait optimiser sa supply chain et réduire ses dysfonctionnements, les médecins préciseraient leurs diagnostics, les compagnies d’assurance  affineraient leur évaluation des risques, etc. À l’intersection des enjeux du Big data, du profiling et du M2M, le projet Ion permettrait aux entreprises de tirer parti des objets connectés, en leur donnant accès à des quantités de données liées aux attentes et aux besoins des consommateurs.

Mais si les sociétés reconnaissent la fiabilité du constructeur et sa bonne réputation en matière de sécurité, ne risque-t-on pas un nouvel effet d’annonce ? Difficile en effet de faire abstraction du climat morose qui règne sur l’entreprise : baisse de l’action à un niveau historique après le refus de rachat par le financier Fairfax, changement de PDG, licenciement de près de 40% des salariés… Alors pour séduire, Blackberry n’hésite pas à mettre en avant une approche crowdsourcée : site dédié sur lequel les entreprises peuvent s’inscrire en tant que bêta testeurs de la plateforme, large appel au partage d’idées sur les usages actuels et à venir de l’internet of things

Si Android Wear, le système dédié aux objets connectés récemment dévoilé par Google, bénéficie sans conteste de la force de frappe d’un leader de l’internet, Ion et QNX pourraient profiter de l’avantage concurrentiel de Blackberry auprès des grandes firmes. En adoptant un positionnement résolument BtoB, le groupe compte donc sur l’engouement des entreprises et espère mettre un terme à l’immobilisme qu’il connaît actuellement. Start moving again ?

blackberryinternetofthings_©Blackberry_blogs.backberry.com

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