Verizon et Vodafone concluent le plus gros deal de la décennie

Une somme rondelette de 130 milliards de dollars devrait être dépensée par l’américain Verizon pour racheter au britannique Vodafone ses 45% de parts dans leur filiale commune de téléphonie mobile, Verizon Wireless. À titre comparatif, ces 130 Md$ sont équivalents au PIB de la Hongrie ou à la valeur marchande de 325 Airbus A380. Une opération historique donc, au montant pharaonique (pour ceux n’ayant pas peur de superlatifs) qui répond à plusieurs objectifs.

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Lundi 2 septembre, Verizon a communiqué sur un accord de rachat de la participation de 45% de son partenaire Vodafone dans leur coentreprise Verizon Wireless. Cette   filiale mobile, implantée sur le marché américain est leader sur son segment et dispose d’une base client d’environ 120 millions d’unités. Les conseils d’administration des deux entités ont approuvé de façon unanime ce deal qui devrait être finalisé courant premier trimestre 2014. 

Si la somme totale du rachat devrait atteindre les 130 milliards de dollars, faisant de cette opération la 3ème plus grande opération de fusion-acquisition de tous les temps, le montant ne sera pas intégralement réglé en cash. Ainsi Vodafone recevra 60,2 Md$ d’actions Verizon,  58,9 Md$ de cash et 11 Md$« de diverses transactions ».

Quels objectifs pour Verizon dans ce rachat historique ?

Le premier objectif pour l’américain Verizon réside largement dans sa volonté de mettre la main (entière) sur une filiale très juteuse mais qui ne rapportait jusqu’alors que 55% de son potentiel. Ainsi Verizon Wireless est le leader incontesté de la téléphonie mobile aux US devant quelques sérieux compétiteurs comme AT&T, et possède une base client très confortable (120 millions de clients). De plus, cette filiale spécialiste du mobile se situe sur un segment haut de gamme (voire premium) qu’il est difficile de monétiser massivement (ARPU élevé mais conquêtes clients difficiles) partout dans le monde sauf aux États-Unis où Verizon Wireless affiche un free cash flow ahurissant de 28,6 Md$ sur l’année 2012…

L’aspect technologique représente également un enjeu fort pour Verizon dans ce rachat. En effet, Verizon Wireless dispose d’une avance technologique confortable sur le segment 4G par rapport à sa concurrence directe sur le marché domestique, de même que par rapport aux autres opérateurs mobiles dans le monde. En outre, ce levier devrait être le catalyseur principal de la création de valeur sur les marchés mobiles dans les années à venir, et notamment pour les opérateurs à l’image premium dont les clients sont les plus demandeurs de ce type de services. Ainsi, cela fait plus de 3 ans que la firme investit massivement sur cette technologie qui représente déjà presque 20% de son CA.

Verizon WirelessEn dernier lieu, une nécessité de renforcement stratégique « préventif » est apparue chez Verizon. Ainsi, le marché américain du mobile reste dominé par Verizon Wireless mais de petits opérateurs se font de plus en plus virulents, (notamment Sprint et T-Mobile) et la concurrence du poids lourd des Télécoms AT&T ne faiblit pas. Avec cette pleine intégration, la maison mère espère donc pérenniser dans le long terme la position dominante de son rejeton en mutualisant certains coûts de fonctionnement et de R&D. La sortie de Vodafone du marché américain n’est pas non plus pour déplaire au board de Verizon qui commençait à voir d’un œil inquiet son partenaire britannique renforcer sa puissance partout dans le monde (Vodafone est le 2nd opérateur mobile mondial derrière China Mobile).

Ainsi cela fait plusieurs années que ce rachat était discuté mais les deux groupes ne parvenaient pas à s’entendre sur le montant de la valorisation des parts de Vodafone. Cependant le dernier semestre a vu Verizon bénéficier de performances satisfaisantes sur les marchés financiers et son taux d’emprunt bancaire est devenu très attractif. L’occasion était trop belle et Vodafone a su saisir cette offre qui ne se serait peut être représentée deux fois. On note au passage que les banques JPMorgan, Morgan Stanley ou encore Barclays seront les principaux préteurs et se partageront quelques 200 M$ de commissions.

Si Vodafone semble réaliser une bonne opération pour ses actionnaires, ces derniers ne devraient qu’apercevoir cet afflux de cash, certains experts prêtant au groupe britannique des velléités sur des marchés où il n’est pas encore implanté. Ainsi, Vodafone pourrait s’offrir un opérateur en Allemagne ou en Espagne.

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