Free Mobile remplit ses obligations et fait le plein d’abonnés

Le réseau Free Mobile conforme aux engagements, selon l’Arcep

Après des semaines de lobbying de la part des trois opérateurs historiques, l’Arcep a procédé à une nouvelle série de vérifications et a rendu son verdict mardi 28 février, annonçant que Free remplissait bien ses obligations réglementaires en termes de couverture de la population française.

 

« Ce second contrôle confirme que non seulement Free couvre toujours un peu plus de 27% de la population, mais que le nombre de stations (antennes) allumées et pas seulement installées est de 735 », a déclaré Jean-Ludovic Silicani, le Président de l’Arcep, lors d’une audition devant la commission des affaires économiques de l’Assemblée Nationale.

Ce dernier a également souhaité « pacifier le débat » et calmer les offensives virulentes des opérateurs et des syndicats, rappelant qu’Orange, SFR et Bouygues Telecom ont eux aussi connu des difficultés dans la mise en place de leur réseau. « Il est bon de rappeler cet historique alors que des balles sifflent autour des têtes » estime-t-il, jugeant que le nouvel entrant a su respecter ses premières obligations dans le temps imparti, là où ses prédécesseurs ont tous bénéficié de quelques années supplémentaires.

Free Mobile, désormais tenu d’atteindre une couverture de 75% de la population en janvier 2015 et de 90% en janvier 2018, travaillerait même activement au développement de son réseau 3G :  « il a été constaté que le déploiement de ce réseau se poursuit, ce que confirme le nombre de demandes d’implantations d’antennes déposées à l’Agence nationale des fréquences et le nombre d’antennes déclarées en service auprès de cette agence », indique l’Arcep dans un communiqué. A titre de comparaison, rappelons qu’Orange et SFR dépassent aujourd’hui les 98% et font plus que leurs objectifs fixés pour la fin 2011, et que Bouygues Telecom couvre de son côté 93% de la population, soit largement plus que son obligation de fin 2010 portant sur 75%.

Si les résultats de l’investigation de l’Arcep légitiment le réseau de Free, ils ne règlent pas les différents entre le nouvel opérateur mobile et Orange. Rappelons que Free Mobile s’était engagé à couvrir pour son lancement 27% de la population avec son propre réseau et a signé un contrat d’itinérance avec Orange pour les trois quarts restants, d’une valeur estimée à l’époque à 1 milliards d’euros sur 6 ans compte tenu du trafic supposé. Seulement, la montée en puissance du trafic serait « plus importante et plus rapide que ce que avait été anticipé et annoncé par Free » selon Stéphane Richard, qui déclare que 97%  des communications de Free Mobile passeraient par son réseau. Dans son interview au Point.fr, Le P-DG d’Orange estime qu’il « est dans l’intérêt des deux parties d’adapter les prévisions, car la situation n’est pas totalement satisfaisante », espérant que « l’accord puisse continuer » tout en refusant que « les abonnés d’Orange [ne] subissent les conséquences de [son] contrat avec Free ».

Mais comme ne manque pas de le préciser le régulateur, « la question du respect des obligations de déploiement doit clairement être distinguée de la question de […] la part du trafic des clients acheminé via la prestation d’itinérance achetée par Free Mobile à son opérateur partenaire Orange France, dont les modalités techniques et financières relèvent exclusivement des relations contractuelles entre ces deux opérateurs ». De nouvelles discussions sont donc à prévoir, les prévisions de trafic à revoir, et Orange devrait tirer quelques dizaines de millions d’euros supplémentaires de son contrat avec son concurrent.

 

1,5 million d’abonnés pour Free Mobile : qui souffre le plus ?

Free Mobile n’étant tenu de communiquer aucun résultat d’ici la fin du premier trimestre, les chiffres ne sont pas officiels. Mais selon le PDG d’Orange, le nouvel opérateur compterait à fin février environ 1,5 million d’abonnés. Compte tenu du taux d’équipement de la population française, les nouveaux clients se collectent généralement auprès de la concurrence. D’où viennent donc ces 1,5 million d’abonnés ?

Ces 10 derniers jours, Orange, Bouygues Telecom et SFR ont successivement communiqué des chiffres donnant un aperçu de l’impact de l’arrivée de Free Mobile sur leurs bases d’abonnés (voir tableau ci-dessous).

 

En rapportant les pertes nettes d’abonnés aux parcs d’abonnés, Bouygues Telecom semble donc être l’opérateur historique le plus diminué par l’arrivée de Free Mobile. Mais le plus constat le plus saisissant est tout autre : si l’on additionne les pertes nettes des trois opérateurs majeurs, on trouve 560 000 d’abonnés, potentiellement passés chez Free. Bien loin du chiffre avancé par Stéphane Richard – 1,5 million !

Bien sûr, si La Poste Mobile a visiblement bien résisté à Free Mobile, avec un parc de clients mobiles stagnant à 550 000 abonnés, les MVNO ont eux aussi fait les frais du trublion (selon les Echos, Zéro Forfait aura notamment perdu près de 10% de ses clients).

Ensuite, selon les estimations du site communautaire freemobile.toosurtoo, seuls 71% des abonnements à Free Mobile correspondraient à des abonnements au forfait illimité. Près de 500 000 des 1,5 million d’abonnés auraient donc choisi le forfait à 2€, et une majeure partie de ces abonnements ont toutes les chances de ne pas être synonymes de résiliation chez un autre opérateur. Il est en effet très probable que de très nombreux clients encore engagés chez un autre opérateur, aient opté pour ce forfait très peu onéreux (gratuit pour les abonnés Freebox !) en complément de leur forfait initial, et en attendant de pouvoir le résilier sans frais.

En l’absence de données chiffrées sur ces éléments, difficile de savoir si le compte est bon. D’autant plus que les opérateurs historiques pourraient bien avoir minimiser leurs chiffres pour ne pas admettre des pertes trop importantes. Par exemple, les demandes de portabilité en cours sont-elles prises en compte dans le nombre de résiliations ?…

 

Des débuts en fanfare, et des ajustements progressifs

Parallèlement aux polémiques autour du respect de ses obligations de couverture, et aux chiffres communiqués ça et là, l’opérateur de Xavier Niel tente de résister à la vague de demandes (visiblement pas assez anticipée) et poursuit l’évolution de ses services.

Dans les jours et les semaines ayant suivi son lancement, Free Mobile s’est retrouvé noyé sous la demande, les délais de livraison des cartes SIM et de portabilité des numéros ont été considérablement rallongés, et de nombreux abonnés – impatients de bénéficier de l’offre de Free – n’ont pas manqué d’exprimer leur mécontentement sur la toile. De même, la boutique en ligne destinée à la vente de terminaux a ouvert avec 2 semaines de retard (les paiements par mensualités n’ont d’ailleurs pas tout de suite été proposés), et l’iPhone 4S n’est toujours pas disponible…

En revanche, l’espace abonné à connu de multiples améliorations. Si le clavier virtuel mis en place pour saisir son identifiant fait débat (peu accessible, handicapant pour le développement d’applications de suivi conso non officielles…), il est désormais possible de suivre en détail  sa consommation et ses factures, de gérer et de personnaliser sa messagerie, de gérer ses options, de personnaliser son mot de passe, ou encore de modifier ses coordonnées, depuis l’espace abonné.

 

 

Enfin, et depuis le 24 février, une option data est proposée pour le forfait à 2€. Cette option, facturée 1,99€ par mois, permet d’accéder à 20 Mo de données, autant dire très peu (même si l’objet de ce forfait n’est pas spécialement d’aller sur le web). L’activation obligatoire pour accéder à l’option data permet néanmoins de corriger un léger problème constaté jusqu’alors : certains abonnés ayant en effet activé sans le savoir cette option en envoyant un simple MMS.

 

En conservant la prudence nécessaire sur l’ensemble des chiffres communiqués, et en attendant une communication officielle de Free même, il semblerait que le raz-de-marée attendu ait bien lieu. Et, pour rester compétitifs et conserver leur parts de marché, les historiques devraient bel et bien engager de sérieuses coupes budgétaires, et revoir à la baisse les dividendes reversés aux actionnaires. Ce qui était d’ailleurs, à l’en croire, le souhait le plus profond de M. Niel…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *