iCloud, ou le premier pas d’Apple dans le nuage

Il y a une semaine avait lieu l’ouverture du WWDC (Worldwide developper conference) en Californie, grande messe annuelle organisée par Apple pour réunir tous les développeurs de la sphère Mac OS X et iOS. L’occasion pour Steve Jobs d’ouvrir le bal avec un keynote de près de deux heures. Sur les trois annonces majeures, deux concernent les systèmes d’exploitation : iOS pour l’iPhone/iPad et Mac OS X pour les ordinateurs. Mais pour nous, la vraie annonce de ce keynote annuel était bien iCloud.

La force d’iTunes pour la musique

Si l’on aborde l’aspect musical, ces dernières semaines ont été marquées par les annonces successives d’Amazon puis de Google de leur « casier numérique ». Ces deux sociétés proposent de stocker vos morceaux de musique sur leur serveur et de les rendre accessibles via le cloud. Mais sans accord avec les majors, elles sont passées « en force » : le service est un serveur en ligne où l’on peut seulement téléverser ses chansons. La manipulation est donc très lente et doit se faire manuellement. Apple a pris le problème à l’envers : elle a réussi à signer un accord avec les majors pour que l’usager retrouve ses chansons directement dans le nuage, sans action de sa part. Une chanson achetée peut être écoutée via iCloud directement.

Plus fort encore : iTunes Match. On aurait imaginé que seules les chansons achetées sur iTunes seraient disponibles dans iCloud. Apple surprend en proposant un service qui scanne l’intégralité de votre bibliothèque (chansons achetées sur des services concurrents, enregistrées à partir d’un CD…) et propose la chanson directement dans le nuage, sans effort supplémentaire, le tout, en qualité supérieure. Et si jamais la musique n’est pas disponible dans le catalogue iTunes, le titre est envoyé depuis l’usager sur les serveurs d’Apple. En un mot : l’intégralité de votre musique, légale ou non, sera disponible dans iCloud.

Pourtant, si cela va simplifier la vie des utilisateurs, ce n’est pas un vrai iTunes dans le nuage comme peut l’être un service de type Spotify : c’est seulement VOTRE iTunes dans le nuage. La force du streaming vient pourtant de l’accès à tout le catalogue des majors, sans avoir à acheter un seul album, et où que vous soyez. On sent ici qu’Apple est bien frileuse vis-à-vis de son modèle économique : elle a basé sa réussite sur l’achat de musique et face à la concurrence des services de streaming elle n’ose franchir le pas en n’offrant qu’un accès en ligne à sa propre musique. Rien ne dit que cela suffira à freiner l’engouement autour du streaming.

iCloud pour vos sauvegardes et vos medias

Le rôle d’iCloud est aussi (et surtout) de vous permettre de couper les ponts avec votre hub numérique, l’ordinateur. Tous vos appareils sont ainsi reliés à un autre hub, le « nuage », qui lui est présent partout et tout le temps. C’est finalement lui qui devient le centre du réseau et supprime le principe de synchronisation et sauvegarde manuelle.

Pour populariser son service, Apple frappe fort sur le prix : l’offre sera gratuite et totalement intégrée à tous ses appareils, ordinateurs comme iDevices. Limitée à 5Go certes (hors musique et applications), cela suffira pour de nombreux usages et il sera facile d’étendre cette capacité avec une option payante. iCloud centralise ainsi vos documents, vos fichiers multimédias et tous vos paramètres, et dès qu’une modification est faite sur un appareil elle est répercutée sur les autres.

iCloud, le nouveau hub numérique

Mais finalement c’est l’idée même de nuage central qui ouvre la voie à une « révolution », comme le dit toujours S. Jobs. Et c’est bien un changement de paradigme. Depuis 10 à 20 ans, le PC a la place de centre névralgique pour toutes nos communications, c’est à lui que se connectent nos différentes machines.  En quelques années, le cloud a pris de l’importance et complète déjà nos outils actuels. Apple va plus loin et inverse les rôles : c’est le nuage qui devient le centre de tout, nous en sommes les clients.

Tous nos appareils prennent ainsi leur indépendance. Ce n’est plus du Machine-to-Machine, mais du Machine-to-iCloud-to-MachineS. Le S est primordial, on n’est pas ici limité à une connexion entre deux appareils, cela peut toucher une flotte entière et ils n’ont pas besoin d’être liés entre eux. Un nuage bien différent de la vision de Google, pour qui tout passe par le navigateur et où le client physique n’est qu’une porte. Pour la marque pommée, le cloud démultiplie la force de ses produits, les rend meilleurs, plus performants et toujours plus intuitifs (je vous invite à lire l’excellent article de Business Insider, qui fait également la comparaison avec Microsoft).

Disponible à l’automne prochain, de nombreuses inconnues subsistent à propos d’iCloud. Après le succès très relatif d’Apple dans le nuage (ProTools, .Mac puis MobileMe), tout l’enjeu va être dans la façon dont la société a conçu son système. La concurrence elle, Google en tête, ne restera en tout cas pas les bras croisés. La guerre du cloud succèdera-t-elle à celle des smartphones ?

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