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Les nouveaux défis du « cashless » dans l’industrie du tourisme et des loisirs

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L’industrie du tourisme et des loisirs, en constante croissance depuis plusieurs années, représente 9% du PIB mondial, 4% du PIB européen et 6,5% du PIB français.

Aujourd’hui, cette industrie en croissance est synonyme de fort intérêt pour les start-ups. Les enjeux autour du digital vont bouleverser de nombreux marchés, et entre autres, celui des systèmes de paiement. Une des nouvelles tendances de ce marché est celle des solutions de paiement « cashless » (cashless signifie littéralement « sans monnaie »).

Les proto-systèmes cashless existent depuis très longtemps,  l’exemple le plus marquant est celui du Club Méditerranée qui a son système cashless depuis 1957 : le « collier bar », inventé et breveté par Jean-Pierre BECRET, est formé de différentes boules de couleurs ayant chacune une valeur fiduciaire internationale et permet aux clients d’avoir en permanence sur eux, même pour se baigner, un moyen de paiement pour consommer à l’intérieur du Club.

Ces systèmes ont été enrichis au fil des années par certains acteurs, comme Disney World (avec un système de bracelet contenant une puce RFID),  pour faciliter le paiement à l’intérieur des parcs.

Plus récemment, de grands stades de Football s’y sont essayés, comme par exemple la solution MyOL dans le nouveau stade « Parc Olympique Lyonnais » en partenariat avec la Caisse d’Épargne Rhône Alpes.

myol

Malgré tout, ces évolutions des systèmes cashless ne parviennent pas à corriger certains points faibles et à détrôner l’argent liquide pour les petits paiements : solutions trop coûteuses et non personnalisables, très souvent inadaptées aux contraintes du terrain et  générant peu de données.

Avec la montée en puissance du Digital, de nouvelles solutions innovantes commencent à voir le jour en matière de paiement cashless. À quelles évolutions peut-on s’attendre ? Le digital va-t-il accélérer ou, au contraire, freiner le développement de ce type de paiement ?

Pour en savoir plus, DigitalCorner a réalisé un entretien avec Maxence PERRIN et Frédéric BOURDON, respectivement Directeur Exploitation et Directeur Marketing de PayinTech, une startup spécialisée dans les solutions de paiement sans contact.


Pourquoi l’industrie du tourisme et des loisirs représente-t-elle un marché intéressant pour le cashless ?

11 000 campings et villages de vacances, les 300 parcs à thèmes, les 441 stades, les 385 Arenas et salles de spectacle se partagent 50 milliards d’euros de flux annuel de consommation. Ce marché énorme est sous-équipé en termes d’outils de gestion et a accumulé un retard technologique important en matière de solutions de paiement. Ces dernières, souvent copiées d’autres secteurs, ne sont généralement pas adaptées aux spécificités du tourisme et des loisirs, et en particulier à l’événementiel.

Par ailleurs, les acteurs de ces industries cherchent surtout à récolter de plus en plus de données qualifiées sur leurs clients afin d’enrichir leur CRM, à accroitre la fidélité des visiteurs et à se démarquer de la concurrence. On constate notamment, qu’elles prennent rarement en compte l’expérience des utilisateurs et les conditions d’exploitation difficiles.

Comment réussir sur ce marché ?

Le challenge consiste à réussir sur  4 axes :

  • La maîtrise de la solution technique

Le savoir-faire français dans le domaine des cartes à puce remonte à son invention par Roland Moreno en 1974. Dans la continuité la norme Calypso (Pass Navigo) pose les bases des standards NFC. Aujourd’hui encore, un brevet déposé pour Innovatron, dont Infineon possède une licence d’exploitation, est utilisé par tous les fabricants.

Nous avons suffisamment d’expérience pour savoir qu’il faut s’approprier pleinement la technologie pour en utiliser toutes les possibilités et ainsi toujours mieux répondre aux attentes des clients. Les capacités du NFC vont bien au-delà de la simple identification. Il est possible de faire cohabiter dans une puce plusieurs applications ayant leur fonction et leur sécurité propres.

  • La fiabilité et l’expérience du terrain

Le secteur du tourisme est parfois sous-estimé alors qu’il est le troisième secteur dans le PIB français, cependant c’est un secteur particulier dans lequel l’expérience du terrain est irremplaçable.

  • Le marketing et l’image de marque

Dans un marché d’une telle ampleur, et qui plus est,  en constante évolution, une stratégie marketing et des investissements sont indispensables pour se distinguer. Les acteurs de ces industries cherchent ainsi les moyens de mettre en œuvre leurs politiques marketing, d’acquérir de la donnée client et de se distinguer de la concurrence en offrant un positionnement frais et novateur.

  • Le respect des contraintes légales et réglementaires

La réglementation est définie au niveau européen. La commission européenne souhaite regrouper les services de paiement dans l’espace européen pour construire un bloc à fort potentiel concurrentiel face aux États-Unis et à l’Asie. Pour cela, une révision de la Directive sur les Services de Paiement (DSP2) a été instaurée le 8 octobre 2015, avec un calendrier d’adoption défini à 2 ans.

Du point de vue de PayinTech, le succès passera d’abord par la qualité et la performance de la solution sur le plan technique puis par la compréhension et l’application des normes réglementaires. En parallèle, un autre facteur clef du succès sera la prise en compte de l’existant, tout en respectant des contraintes matérielles, techniques, juridiques et marketing s’appliquant à chaque client.

L’axe le plus important est la maitrise de la solution technique. Quelles sont les différentes solutions techniques qui existent aujourd’hui ? Quelle est la meilleure selon vous ?

Tout d’abord il faut distinguer deux types d’acteurs : ceux issus de l’évènementiel, comme Playpass ou Yuflow et ceux issus des systèmes de caisse et contrôle d’accès comme IREC qui équipe le Futuroscope.

Le marché de l’événementiel a été pris d’assaut par de jeunes entreprises, attirées par la réussite des pionniers de ce secteur.

Les acteurs comme IREC sont des prestataires installés avec une grande expertise dans le contrôle d’accès notamment et qui essayent de développer de nouvelles fonctionnalités.

Toutefois, le point commun de tous ces acteurs est leur dépendance vis à vis du réseau : toutes les données sont stockées dans un serveur, qui est interrogé à chaque transaction ou tentative d’accès. Il existe donc un « Single Point of Failure » : si le réseau tombe, le système ne fonctionne plus du tout.

Pour résumer, un système online est facile à reproduire, nécessite peu de R&D, et a peu de barrières à l’entrée ; mais il ne répond pas aux besoins du client en terme d’indépendance du réseau, d’intensité de consommation et d’infrastructure.

Il y a néanmoins une façon différente d’utiliser la technologie RFID et d’aborder la problématique des infrastructures réseaux.

Il y a 5 ans PayinTech a fait le choix de rendre sa solution indépendante vis à vis du réseau grâce à l’innovation amenée par les puces RFID. Concrètement une puce RFID est une sorte de petite clé USB disposant d’un identifiant unique, dont la donnée est lisible et modifiable sans contact.

Cette technologie fonctionne grâce à la radio-identification, désignée par le sigle RFID, qui permet de mémoriser et de récupérer des données à distance en utilisant des marqueurs appelés « radio-étiquettes ». Ces derniers comprennent une antenne associée à une puce électronique qui leur permettent de recevoir et de répondre aux requêtes radio émises depuis un émetteur ou un récepteur.

Ainsi, le stockage sécurisé d’information sur un support RFID passif assure la mise en place d’un système offline. L’information est détenue par le porteur via son support RFID et ne peut être ni altérée ni modifiée. Seuls les terminaux possédant l’intelligence et les clés de sécurité nécessaires auront accès aux données en lecture et écriture.

off vs on

PayinTech a donc mis en place un programme de R&D afin d’intégrer en interne les connaissances et la technologie permettant d’interagir avec les puces RFID. Le résultat est un système cashless indépendant du réseau ne présentant pas de risque systémique avec une capacité de montée en charge illimitée. C’est une vraie révolution. L’absence de nécessité de déployer du réseau permet aux acteurs localisés dans des zones moins bien couvertes de s’équiper d’une solution fiable (la montée en charge est illimitée) et peu chère (pas besoin de déployer du réseau).

À plus long terme, de quelle manière ces systèmes « cashless » doivent-ils se réinventer pour suivre l’innovation digitale ?

La première étape sera d’ouvrir sa technologie en adoptant les codes de l’open source, pour être à la fois intégrateur et intégrable, afin de permettre aux acteurs de garder tout ou partie de l’existant qui pourra évoluer avec des modules complémentaires à installer sur leur système.

Ensuite, il faudra très certainement proposer une offre de service élargie, par exemple utiliser le même support pour l’accès aux activités que celui qui sert actuellement de porte-monnaie électronique. On peut même envisager un contrôle d’accès aux hébergements via des serrures électroniques RFID.

Par ailleurs, avoir une approche à la fois technologique et marketing permettra de déployer des solutions sur mesure garantissant l’adéquation entre la solution technique et les objectifs marketing du client. Trop de sociétés sont encore aujourd’hui focalisées sur uniquement un de ces deux aspects.

Enrichir l’expérience de l’utilisateur en lui permettant de communiquer facilement sur les réseaux sociaux va être de plus en plus valorisé ; au même titre que la possibilité de tout piloter depuis une application mobile : ces deux éléments peuvent réellement révolutionner le secteur.

Enfin, il ne faudra pas rater le virage de l’ouverture sur les téléphones mobiles. Aujourd’hui le NFC peine à s’imposer et les solutions avec QR Code comme Lydia commencent à atteindre leurs limites en termes de sécurité ; en bref, il faudra être prêt quand un standard commun va émerger.

Pour conclure, ce marché a de fortes chances de devenir de plus en plus attractif en France, boosté par l’accueil de grands évènements sportifs, comme l’Euro 2016 de Football ou le championnat du Monde 2017 de Handball.


À propos de PayinTech

payintech

PayinTech est une société technologique créée en Juillet 2010 positionnée à la fois sur les logiciels, le service et le marketing qui en découle.

PayinTech conçoit et opère des solutions de paiement privatif et d’identification à destination des professionnels du tourisme, des loisirs, de la culture, de la musique et du sport qui adoptent progressivement les technologies sans contact pour les aider dans leur gestion, augmenter leurs revenus, mieux connaître leur clientèle et développer leurs outils Marketing. PayinTech propose une solution conforme aux réglementations bancaires actuelles, en s’étant adossé à un Établissement de Monnaie Électronique.

La société connait une croissance à 3 chiffres depuis 5 ans, et a équipé plus de 2 millions d’utilisateurs de ses solutions depuis sa création. L’année 2016 sera marquée par le déploiement à grande échelle de la solution dans l’industrie de l’Entertainment.

En savoir plus sur http://www.payintech.com

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