Les géants du Web chinois : plagiat ou innovation ?

Géant mondial et désormais deuxième plus grande puissance du globe, la Chine affiche une croissance indécente à deux chiffres depuis maintenant plus de dix ans. Sa réussite, hier basée principalement sur l’exportation se resserre aujourd’hui sur son  marché local qui s’est construit autour de grandes sociétés made in China. L’écosystème digital n’échappe pas à la règle et face aux géants américains, les challengers chinois se sont progressivement développés pour aujourd’hui, faire frémir leurs prédécesseurs. De Alibaba à Weibos, partons à la découverte de ces géants prêts à conquérir le marché mondial.

Vulgaires copies du modèle occidental ou innovations à la pointe, quelles sont les recettes du succès de ces firmes ?

Baidu : un concurrent sérieux de Google ?

Si 93% des recherches internet françaises sont initiées depuis le géant Google, ce chiffre chute vertigineusement à 9% en Chine. La faute à une terrible censure du gouvernement. Cette dernière a atteint son paroxysme en début d’année 2015 où toute connexion initiée sur le Google chinois était automatiquement redirigée sur la plateforme hongkongaise.

Baidu lui est un pur produit made in China, fait par des développeurs chinois et pour des clients chinois. Créé au début des années 2000, l’outil a bénéficié de tout l’appui de la République Populaire en acceptant la censure imposée. Grâce à cela, l’outil arrive aujourd’hui à capter 70% du trafic national.

En avance naturellement, de par sa capacité à gérer les caractères chinois, l’outil s’est toutefois copieusement servi dans les innovations occidentales pour atteindre le succès qu’on lui connait aujourd’hui. Les exemples les plus remarquables étant : Baidu Maps, Baidu Actu ou encore Baike (équivalent de Wikipedia).

Les applications Baidu ne sont pas sans rappeler celles de son homologues.
Les applications Baidu ne sont pas sans rappeler celles de son homologue

Pour autant le géant chinois sait aujourd’hui que s’il veut aujourd’hui un peu plus, un développement à l’international devient nécessaire. En ce sens, un partenariat a été récemment noué entre Bing, moteur de Microsoft et le moteur de recherche chinois. L’objectif ? Exploiter Bing via Baidu pour l’ensemble des recherches anglophones réalisées sur le moteur.

Aujourd’hui il est concurrencé par des nouveaux moteurs émergents tels que 360 SO. Ce marché national si spécifique demande des innovations bien plus adaptées aux spécificités locales, ce qu’un simple calque du modèle occidental ne permet pas d’offrir.

 Alibaba vs. Amazon (et EBay) : le clash des titans

Imaginez Amazon et eBay réunis… Voici Alibaba ! Géant chinois du e-commerce lancé en 1999, l’entreprise peut se targuer de réunir plus de 10 millions de fabricants et 80 millions de commerçants à travers le globe. Le site revendique près de 95% du marché C to C du marché Chinois. Sa principale force (et son génie) ? Proposer différentes plateformes selon les besoins de chacun :

  • Le C to C avec Tabao: quatorzième site le plus visité au monde et inspiré d’eBay, ce site est aujourd’hui l’une des uniques vitrines commerciales pour des millions de PME chinoises. Son succès est issu de facteurs simples mais ultra efficaces : ergonomie, peu de frais et forte diversité de contenu. Quant au business model : la publicité , en lieu et place des commissions américaines.
  • Le B to C avec Tmall : fort de son succès via Tabao, la firme décide en 2008 de reproduire ce modèle pour mettre en contact professionnels et particuliers.
  • L’historique B to B avec Alibaba : cœur de métier historique de la firme et à qui est dû le succès planétaire. L’introduction à la bourse de Wall Street en 2014 avait d’ailleurs été largement plébiscitée par les investisseurs.
Alibaba a connu une croissance incomparable à celle d'Ebay.
Alibaba a connu une croissance incomparable, bien supérieure à celle d’Ebay.

Au travers de tous ces succès, si l’un avait à craindre l’autre, ce serait bel et bien le géant américain… De nombreux économistes s’accordent à dire que nombre de firmes occidentales devraient largement s’inspirer du modèle chinois. Son concept, essentiellement basé sur la publicité en fait d’ailleurs une plateforme de type moteur de recherche de produits plutôt que commerçante à proprement dit. La France l’a d’ailleurs bien compris et souhaite tirer parti de la puissance de la firme au travers d’un partenariat récemment noué dont l’objectif est de créer une ambassade d’e-commerce en France.

Weibo et Wechat : à la pointe des réseaux sociaux

Twitter a également inspiré un homologue chinois : Sina Weibo. 140 caractères, le @ devant le nom d’utilisateur, les hashtags… les ressemblances sont nombreuses. Sina Weibo reprend donc tous les codes qui ont fait le succès de Twitter et connait une renommée certaine avec plus d’inscrits que la plateforme occidentale. On y retrouve aussi la mise en page :

La mise en page de la version chinoise de Twitter : un air de déjà vu !
La mise en page de la version chinoise de Twitter : un air de déjà vu !

WeChat lui ressemble plutôt à WhatsApp. Mais ce réseau social évolue en tant que plate-forme multifonction : achats, communication,… L’application se diversifie et propose bien plus de fonctionnalités que ses homologues occidentaux. De plus, WeChat contrairement à Twitter a réussi à séduire les entreprises. Les réseaux sociaux occidentaux ont tout à craindre de ce nouveau géant : rentable, diversifié, plébicité… ce concurrent pourrait bientôt devenir un problème de poids s’il décide de s’internationaliser. Ces deux plateformes sont toutefois très contrôlées par le gouvernement chinois et donc fortement censurés.

 

Au travers de ces différents exemples, la Chine démontre toute sa puissance et sa compétence dans les thématiques digitales. Bien souvent initialement inspirés (très fortement) du modèle occidental, ces géants ont su tirer parti des forces de frappes de leurs outils tout en les adaptant judicieusement aux spécificités du marché chinois.

Leur position de leader sur le marché domestique leur confère une place de choix. Le rapport de force pourrait d’ailleurs s’inverser prochainement si les concurrents occidentaux ne s’inspirent pas des innovations proposées. C’est notamment le cas pour l’expérience  sociale et mobile proposée par ces acteurs asiatiques, nettement en avance sur le sujet. C’est également vrai pour WeChat qui aurait beaucoup à apprendre à un Facebook Messenger ou un Twitter… Et si c’était au tour des applications d’origine de copier ?

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