Corporate Venture Capital dans les télécoms : l’Open Innovation comme voie de salut !

L’Open Innovation est aujourd’hui sur toutes les lèvres. Pour certains il s’agit de favoriser l’innovation grâce à l’animation d’une communauté d’experts, pour d’autres d’encourager l’innovation à travers les contributions d’un public de béotiens. Il s’agit dans tous les cas de mettre en commun des ressources pour favoriser la génération d’idées et leur transformation en innovations.

Nous nous intéressons dans ce post à une approche dont sont friands les grands groupes, en particulier dans les secteurs industriels et High-tech : l’investissement (ressources/financement) dans de jeunes entreprises innovantes, ou Corporate Venture Capital. Ce dernier peut en effet être considéré comme une approche financière et capitalistique du modèle global d’innovation ouverte, ou Open Innovation.

En France en 2010, les industriels (tous secteurs confondus) contribuaient pour environ 7% des fonds levés par les jeunes entreprises innovantes. Le total des fonds levés représentait alors près de 3 Md€, pour les opérations de capital-innovation (ou « amorçage ») et capital-développement (ou « développement »), hors opérations de capital-transmission. (source AFIC – 2010). Le montant global investi par les acteurs du capital-risque après un pic en 2011, s’est largement abaissé en 2012, – 38%…

 

innovation-sliderPourquoi le Corporate Venture ?

Comme évoqué en introduction, et comme formalisé par Denis Champenois (Président d’Innovacom, Groupe Orange et principal acteur Français du Corporate Venture) :

« L’Open Innovation est le driver de l’intérêt pour le capital-risque et pour les start-ups innovantes »

Qu’en est-il vraiment ?

Pour les groupes investisseurs, les motivations sont en réalité soit stratégiques, soit financières.
Dans le premier cas, c’est en effet l’innovation qui prime : il s’agit de s’assurer une veille technologique externe et éventuellement compléter par des initiatives de R&D internes. Idéalement, les coopérations mises en place avec les startups permettent le développement de nouveaux produits ou services. Toutes les grosses structures n’ont, en effet, pas, comme Google, la capacité (et la culture) de faire travailler chaque employé sur de nouveaux projets, au moins 20% de son temps.

Dans le second cas, il s’agit d’optimiser les dépenses R&D, mais surtout de compter sur d’éventuels dividendes et plus-values in fine, lors de la revente des participations prises dans les sociétés bénéficiaires.

Pour les startups, l’enjeu est d’accéder aux ressources du grand groupe : ressources technologiques, ressources marketing et commerciales (notamment par l’obtention d’une première référence commerciale pour une startup visant le marché B2B des Grands Comptes) et évidemment ressources financières. Le grand groupe a, d’ailleurs, la réputation d’être un investisseur « plus patient » que les fonds classiques car il cherche moins un ROI financier rapide que la mise en place de nouvelles stratégies d’innovations. Ce type de capital risque est donc plus enclin à investir dans l’amorçage des jeunes pousses, avec un ticket moyen investi autour de 1 M€, un montant trop élevé pour les business angels (investisseurs particuliers) mais trop faible pour les fonds de capital-risque.

 

Et dans les Télécoms ?stacks_image_98

Pour les groupes investisseurs, le Corporate Venture permet d’identifier et de mettre la main sur de nouvelles sources de création de valeur, en particulier sur les marchés à rythme élevé de changement technologique ou importante pression concurrentielle : le marché des télécoms réunit aujourd’hui en France ces deux critères !

Les directions de l’innovation chez les opérateurs francais cherchent depuis plusieurs années à encourager la naissance et le développement de jeunes pousses en s’assurant des retombées en termes de développement de produits/services et d’image. Elles misent pour celà sur les sujets chauds du moment : Mobilité, Big Data, Web-to-store, Consommation Collaborative, Hack et sécurité…

Chacun des trois opérateurs historiques français dispose donc sans surprise aujourd’hui de sa structure dédiée au Corporate Venture ; Orange en gère 2, dont Innovacom, l’un des plus importants acteurs européens.

Bouygues Télécom a créé en 2008, Bouygues Telecom Initiatives (BTI) qui est à la fois une structure d’accompagnement (incubation) et d’investissement, avec un budget initial de 20M€ en 2008. A fin 2012, BTI a étudié plus de 450 projets, accompagné 21 startups et réalisé 7 investissements. La période d’incubation (co-développement) permet une réduction significative des risques liés à l’investissement éventuel.

  • Success Stories : Recommerce Solution (levée de fonds de 7,1 M€ début 2013 et de belles synergies avec le groupe Bouygues Telecom dans le domaine de l’exploitation de terminaux mobiles d’occasion) / Melty.fr (augmentation de capital de 3,6 millions d’euros en 2012)

SFR a lancé SFR Développement en 2006, qui a investi 40 millions d’euros dans 22 sociétés, depuis sa création (chiffres 2012). Sans surprises les investissements sont principalement réalisés dans l’Internet, les réseaux de communication, les contenus pour mobiles et TV.

  • Success Stories : la cession en 2011 à Prosodie (groupe Capgemini) de sa participation dans l’agence de marketing mobile Backelite a permis à SFR Développement de multiplier sa mise par dix.

Pour Orange les investissements se font via des structures financières réglementées (comme un fond d’investissement classique), ce qui permet de dissocier les activités d’investissements de la stratégie du groupe et de limiter les éventuels conflits d’intérêt.
Innovacom a été lancé il y a 20 ans pour dynamiser l’innovation en interne grâce à ces prises de positions externes, et a investi plus de 1Md€ dans plusieurs centaines de startups technologiques du numérique. Innovacom a permis le lancement de 350 sociétés innovantes en Europe et aux US. En 10 ans, 2/3 du portefeuille a signé un partenariat avec Orange : les synergies sont là !

  • Success stories : Digitick, lastminute.com ou encore Business Objects (revendus) et Dimelo et Maximiles (actuellement dans le portefolio d’Innovacom)

En complément, Orange a participé à la création d’un fonds avec Publicis, doté de 150 M€ pour accompagner des startups et investir en particulier à l’international : Iris Capital investit entre 1M€ et 20M€ dans chaque pépite.

  • Success stories : Appgratis (5 millions d’euros investis en janvier 2013) et Altitude Telecom (revendu)

telecomL_01Dans l’environnement particulièrement agité du secteur, notamment suite à l’arrivée de Free Mobile  il y  a maintenant près de 2 ans, la course à l’innovation (Technologique avec la 4G, Marketing avec les offres sans engagement par exemple) demeure une composante essentielle. Les acteurs traditionnels ont depuis plusieurs années mis en place les structures leur permettant d’investir dans les innovations portées par de jeunes entreprises prometteuses : le rythme de leurs investissements semble cependant s’être ralenti ces deux dernières années, comme pour tout le Capital Risque d’ailleurs. Et sur ce créneau là, le trublion des télécoms, Xavier Niel (Propriétaire de Iliad, maison mère de Free mobile) fait une nouvelle fois parler de lui en misant ses deniers personnels dans un projet pharaonique : accompagner plus de 1000 startups au sein d’un « méga incubateur numérique », implanté dans la Halle Freyssinet du XIIIe arrondissement parisien…

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